mercredi 12 décembre 2012


Sarkozy, ambassadeur du sport au Qatar
ou la honte de la complicité sportive

   La presse dans sa grande majorité a relaté sans le moindre regard critique le discours que Nicolas Sarkozy a tenu sur les prétendues valeurs du sport le mardi 11 décembre lors des Doha Goals. Les dirigeants du Qatar ont bien compris qu’ils tenaient avec le fait social sportif de quoi faire l’unanimité ou presque. Le sport est intouchable et les pires régimes l’ont utilisé et l’utilisent avec l’appui des hommes politiques, des champions toujours aveugles, et d’une population subjuguée ou indifférente dès qu’il s’agit de sport.
   Voici les deux nouvelles qui apparaissaient le 10 décembre à la « une » du site du Parisien. Laquelle a fait  parler dans le petit monde du médias  ? Mohammed al-Ajami peut mourir en prison pourvu que l’on puisse taper tranquillement dans un ballon ou courir sur une piste pour glorifier – qu’on le veuille ou non - les bienfaits du régime.

Honte à tous les complices sportifs de ces régimes qui parlent de libertés et de droits de l’Homme pour mieux les bafouer.
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Fabius critique le Qatar après la condamnation d'un poète

Publié le 09.12.2012

Laurent Fabius a ainsi déclaré ce dimanche que la France n'admettait pas que l'on s'en prenne à des poètes, en référence à la condamnation à perpétuité au Qatar de Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, auteur d'un poème jugé subversif. Et le chef de la diplomatie française de rappeler malgré tout l'importance de la coopération économique entre les deux pays.

Le poète qatari a été condamné le 29 novembre à la prison à vie pour incitation contre le régime et diffamation du prince héritier de cette monarchie du Golfe. Amnesty International avait indiqué que la justice du Qatar lui reprochait d'avoir écrit en 2010 un poème critiquant l'émir mais que, selon des militants du Golfe, la véritable raison de son arrestation en novembre 2011 était son «Poème du jardin», écrit en 2011 alors qu'avait commencé le Printemps arabe. Ce texte rend hommage à la révolution tunisienne et exprime l'espoir que le changement touche d'autres pays arabes, affirmant «nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive».
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Sarkozy et le sport : première sortie publique de l'ancien président au Qatar

Publié le 10.12.2012,

Nicolas Sarkozy est attendu mardi à Doha. A l'invitation de l'émir du Qatar, il s'exprimera sur les enjeux du sport dans le cadre de Doha Goals, forum mondial du sport dont la première édition débute lundi. Plus de six mois après son départ de l'Elysée, l'ancien Président de la République française effectuera ainsi sa première sortie publique.
L'ancien chef de l'Etat a participé à plusieurs conférences (New York, Londres) depuis le mois d'octobre, mais dans le cadre lucratif d'un cycle de conférences privées.


Conclusion
. Pourquoi le sport est toujours du côté de l’ordre établi  et au service des régimes les plus autoritaires ? (l’Histoire le prouve, de Berlin à Pékin en passant par l’Argentine de Videla et l’URSS de Brejnev).
. Combien d’intellectuels emprisonnés au Qatar, en Chine et ailleurs ? Combien de sportifs de haut niveau emprisonnés ?
. Quelles sont les avancées réelles sur le plan des droits de l’Homme en Chine depuis les Jeux Olympiques, les belles paroles et le discours de Sarkozy lors de l’ouverture de la « grande fête pacifique et fraternelle » de Pékin ?
Et la question essentielle :
   Pourquoi faire croire que le sport est neutre ? Pourquoi ne pas analyser sérieusement les valeurs de ce « fait social total » pour comprendre que le sport n’est pas un jeu mais une vision du monde aux multiples implications politiques, économiques, idéologiques et culturelles ?

 

dimanche 18 novembre 2012

N'oubliez pas
Non à l’Euro 2016 !

Vous pouvez signer la pétition et faire part de vos réactions à l’adresse suivante :
Directement ou à (re)taper : http://www.petitions24.net/non_a_leuro_2016
                                                                                             (voir ci-dessous)

Mobilisation massive à Orléans contre la «Grouard Arena »
Les Orléanais ont au niveau local leur aéroport de Notre-Dame-des-Landes : la « future » grande salle de 10 000 places*.

   Des centaines de personnes se sont retrouvées samedi sur le « site Famar » où était organisée une manifestation contre le projet de la future grande salle Arena cher au maire d’Orléans, en présence de têtes d'affiche locales du PS, d’Europe Ecologie, du Parti de Gauche, du NPA, de Lutte ouvrière, et de nombreux militants d'associations progressistes.
   Les opposants au projet Arena d’Orléans ont réussi leur pari en mobilisant beaucoup de monde. Un cortège très dense rassemblant des manifestants de tous âges a dénoncé le « projet fou » du premier magistrat de la ville. «Bouygues dégage, résistance et sabotage», criaient les contestataires en référence au groupe de BTP désigné en septembre dernier comme lauréat pour la construction de la grande salle.  
  Derrière une grande banderole: « Contre l’Arena, le monde du fric et du sport d’élite, seule la lutte marque des points », les manifestants ont gagné le site Famar en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Non à un projet absurde et démentiel», «Grouard, ne gaspille pas l’argent des citoyens», « Grouard on va casser ton jouet. Tes emplois promis sont des mirages »
  Parmi les personnalités politiques présentes, un porte-parole de Jean-Luc Mélenchon a estimé que Serge Grouard et ses amis commettaient «une lourde erreur» en cherchant à imposer le projet d’Arena : «Il y a un choix dicté par le maire, qui est le choix du passage en force sans réel débat avec les  habitants ». De son côté, un responsable du NPA a dénoncé « un scandale social et écologique, avec des subventions publiques qui vont être massivement données à un groupe qui fait des profits «.
   D’autres élus, François Bonneau, président du Conseil Régional, Corinne Leveleux-Teixeira, membre du PS, Michel Ricoud et Dominique Lebrun du Front de gauche, Jean-Philippe Grand d’Europe Ecologie les Verts et même quelques membres du MODEM – certains étaient présents dans la manifestation - se sont exprimés par voie de communiqué en demandant au maire de remettre en cause la construction d’un tel équipement.
   A l’heure de la baisse de leurs subventions, beaucoup de responsables d’associations dans tout domaine (culture, environnement, santé, solidarité et… sport) ont exigé, de la part du maire, une « prise de conscience » sur ce dossier, et une autre utilisation de l’argent public (plus de 100 millions d’euros dans un premier temps). La plupart d’entre eux, qui ont enfin ouvert les yeux sur le choix politique de la mairie, déclaraient hier matin : « Serge Grouard  commet une faute politique en adressant à ses opposants et à ses administrés ce simple slogan : circulez, il n’y a rien à voir. Comme si dépenser des sommes gigantesques pour un équipement réservé à une ou deux équipes n’était pas une aberration quand on nous demande de réduire  fortement nos dépenses. Comme si construire une salle de spectacles à un kilomètre d’une salle existante (et vouée à la mort) n’était pas une absurdité que les citoyens un peu informés ne peuvent que combattre ». Certains firent remarquer non sans ironie que devant l’ampleur de la manifestation, bon nombre de journalistes ne pouvaient plus esquiver le « terrain » de l’Arena
    Il faut croire maintenant que les manifestants trouveront des relais un peu partout dans la population à l’heure où on lui demande de mettre la main à la poche pour combler les déficits.
   Il faut aussi espérer aussi que cette simple fiction sur le Notre-Dame-des-Landes orléanais devienne bientôt une réalité
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* Simple fiction malheureusement, d’après l’article du site du  Nouvel Observateur : « Notre-Dame-des-Landes: des milliers de manifestants défilent contre l'aéroport »

lundi 8 octobre 2012

L’Arena : à ne plus rien comprendre
Ambigüités politiques, censures médiatiques, désintérêt militant, le projet de grande salle avance dans une sorte de silence complice.

   Voici un projet fou à 103 millions d’euros minimum (certains parlent de 130) où chacun se positionne à titre personnel en fonction des circonstances. Ce qui vaut pour les élus vaut aussi pour la presse. Faisons le point :
   Aux dernières nouvelles, Mme Corinne Leveleux Teixera, l'une des responsables du PS orléanais, est contre le projet actuel sans dire exactement quel est son souhait.
   Aux dernières nouvelles, M. François Bonneau, président PS de la région, est pour le projet et toujours prêt (lui et les élus de sa majorité) à accorder 12 millions d’euros de subvention  pour l’Arena (on dit parfois 11 ou 15 !)
   Aux dernières nouvelles, les Verts ne disent plus grand-chose. M. Grand qui était pour est désormais contre mais ne le fait pas trop savoir.
   Aux dernières nouvelles, le Front de Gauche conduit par le Parti Communiste est contre l’Arena après avoir été pour une « Arena pour tous » ( !) et propose clairement un autre projet (discutable) sur un site différent et avec une salle moins grande (7000 places)
   Aux dernières nouvelles, M. Grouard député-maire UMP fonce toujours tête baissée pour faire aboutir le projet. Très content d’avoir vu ses amis Sarkozy et Douillet appuyés le dossier auprès du CNDS juste avant l’élection présidentielle, il n’a pas digéré le revirement dudit CNDS qui a décidé de reporter l’octroi de la subvention de 15 millions (+ 5) après l’élection de M. Hollande.
   Le CNDS qui avait voté la subvention de justesse fin avril annule la décision à la quasi unanimité fin juillet. M. Grouard qui était passé en force deux mois plus tôt crie subitement au scandale et au règlement de comptes politique.
    Que savons-nous du Centre national pour le développement du sport (CNDS) ? Qu’il fut créé en 2006 et qu’il était présidé en avril dernier par un certain Raymond-Max Aubert. Or, en juillet, ce M. Aubert était encore Président du CNDS et mieux même, on peut lire dans le Journal Officiel du 31 août 2012 ce qui suit : « Par un arrêté en date du 16 août 2012, Raymond-Max Aubert, inspecteur général de l'administration du développement durable honoraire, est chargé d'exercer les fonctions de président par intérim du conseil d'administration du Centre national pour le développement du sport (Arr. min. 16 août 2012, JO 31 août, p. 14056)
   Or, que sait-on de M. Aubert ?
   Qu’il fit ses études a l'ENA, issu de la promotion Voltaire comme… François Hollande
   Qu'il fut élu député RPR en 1993 face à…François Hollande.
   Qu’il fut élu maire de Tulle deux ans plus tard mais qu’il fut battu aux législatives (1997) et aux municipales (2001), par un certain… François Hollande.
    Petite consolation 2003, il fut élu en 2003 président du conseil d'administration de l’Agence nationale pour le chèque-vacances(ANCV) puis devint enfin président du conseil d'administration du Centre national de développement du sport (CNDS).
   M. Grouard s’attaque donc à une institution dirigée par un de ses amis politiques. M. Grouard qui est un supporter de François Fillon aurait-il trouvé à la tête du CNDS un supporter de J. F. Copé ?...

    Côté presse, le débat sur l’Arena n’encombre ni les colonnes ni les antennes.
   Aux dernières nouvelles, La République du Centre continue de se réjouir du projet. Toutes ses plus belles plumes n’ont pas le temps de donner la parole aux observateurs moins enthousiastes à l’exception des officiels. La lecture du livre de Marc Perelman ne leur ferait pas de mal pour comprendre réellement les véritables enjeux (voir ci-dessous).
   Aux dernières nouvelles, La Tribune d’Orléans ne se pose toujours pas réellement de questions ni sur le coût pour la collectivité, ni sur le naming envisagé (la "Servier Arena" ?), ni sur les fonctions politiques et idéologiques de l'équipement. L’essentiel est de faire croire à la neutralité en se limitant au simple constat.
   Aux dernières nouvelles, France Bleu Orléans et plus encore France 3 Orléans font le minimum en jugeant sans doute que le projet n’est qu’un projet « sportif » et ne mérite pas quelques minutes d’antenne régulières voir un dossier complet.
   Le maire a bien compris que les ambigüités de l’opposition, la censure et la fausse neutralité de la presse, le désintérêt des « intellos » et de la plupart des responsables d’associations pour un équipement (dit sportif) de spectacles populaires, et le "refus de savoir" des militants dits progressistes, servent parfaitement son projet. Il ne s’en plaint pas. Le CACS


Lu dans Le Monde le samedi 6 octobre 2012

Ces investissements que l'Etat repousse faute de crédits

LE MONDE  - 06.10.2012

De la Somme aux Alpes-Maritimes, les grands projets d'infrastructures sont sur la sellette faute de financements. Le projet de loi de finances 2013 prévoit ainsi que "des projets non prioritaires ou dont le financement n'a jamais été établi sont décalés ou arrêtés". Le gouvernement a annoncé une réduction de sa dotation de financement des collectivités de 1,5 milliard en 2014 et 2015.

. Les projets de lignes à grande vitesse (LGV) menacés
. Incertitudes sur le canal Seine-Nord
. La justice ralentit la construction de prisons
. Les projets culturels face à la disette budgétaire

Avec 2,63 milliards de crédits annoncés pour 2013, le ministère de la culture subit une baisse de 3,3 % de son budget. En 2015, la chute devrait atteindre 5,5 %.

Sont ainsi stoppés net : le projet d'un centre des réserves du Louvre ouvert au public à Cergy-Pontoise, ainsi que le projet de centre international pariétal dit "Lascaux-4" en Dordogne (12 millions d'euros).
A Paris, la Maison de l'histoire de France, le Musée de la photo à l'hôtel de Nevers et la salle supplémentaire à la Comédie-Française ne verront pas le jour.
A l'est de la capitale, le projet de "Villa Médicis" en Seine-Saint-Denis, installé dans la tour Utrillo, à Clichy-Montfermeil, sera "redimensionné".

Beaucoup d’investissements majeurs sont (seront sans doute) annulés et reportés sauf les… « plus urgents » :

. Les grands stades pour l’Euro 2016 : plus d’1,6 milliard d’euros
. Et, si l’on suit le maire d’Orléans, le projet d’Arena de la ville : 103 millions d’euros au minimum (+ quelques autres salles en France)

Il est peut être temps d’arrêter les « folies sportives »
Non à la construction et à la rénovation des grands stades
Non à la construction des grandes salles Arena
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Pour mieux comprendre les enjeux économiques, politiques et idéologiques du projet Arena,
Lire le livre de l’architecte Marc Perelman


Genèse et structure d'un espace historique (psychologie de masse et spectacle total) - Gollion, Infolio éditions [464 p., illus. coul., N&B] (2010)

Au cœur des villes, le stade apparaît comme le lieu historique de la compétition sportive et d’un spectacle planétaire. Né à Olympie, il s’est métamorphosé en une machine à voir grâce à la modernité technologique – acier et verre, béton et gigantesques porte-à-faux, systèmes télévisuels et vidéosurveillance.
Consacrant une architecture monumentale, le stade est devenu une puissance visuelle ostensible magnétisant les foules fascinées. La rigueur de sa géométrie en anneau participe du façonnement de la masse qui clame sa soumission à l’ordre de la compétition sportive au sein d’un espace clos et dans un temps rythmé par les prouesses des athlètes.
Loin de la neutralité, de l’innocence, de la pureté où il puiserait une force originelle, le stade est le réceptacle dans lequel s’accumulent les ferments de la violence. Les rancœurs politiques et sociales sont captées, orientées et amplifiées par la logique de la compétition sportive dont le stade est la matrice.


 Ce qu’en pense « Libération »

« Peu de réalités échappent autant au questionnement critique dans notre modernité que le stade. Le mythe sportif étouffe les intelligences. Auteur de nombreux ouvrages sur le sport et sa fonction sociopolitique, l’architecte et esthéticien Marc Perelman, avec son livre L’Ère des stades, comble cette lacune. » (Robert Redeker, Tageblatt)
« Si on parle de “dieux du stade”, c’est parce que le stade doit lui-même quelque chose aux dieux. En particulier au fils de Zeus et de la mortelle Alcmène, au héros qui de ses mains étrangla le lion de Némée et captura Cerbère dans les Enfers : le vigoureux et rusé Héraklès, ou Hercule. » (Robert Maggiori, Libération)
 
 
 

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samedi 22 septembre 2012


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"Camarades, réveillez vous !"
Le maire d'Orléans est favorable aux coupes claires dans les dépenses publiques principalement les dépenses sociales. Mais il persiste dans son projet fou d'Arena à 105 millions !
 
   Ayant obtenu la veille de l'élection présidentielle le feu vert de ses amis pour la subvention de 20 millions d'euros pour "son Arena", le maire d'Orléans Serge Grouard s'étouffe à chaque fois qu'il parle du refus (survenu après l'élection de François Hollande) du CNDS d'accorder finalement ladite subvention
   Le vendredi 21 septembre, Serge Grouard a annoncé son intention de porter plainte contre l'Etat devant le tribunal administratif pour que la somme de 20 millions indispensable pour construire la grande salle soit de nouveau attribuée à la ville.
   M. Grouard et ses amis ne cessent  d'exiger des coupes claires dans les dépenses publiques, et d'appeler à la poursuite du démantèlement de la protection sociale (retraites, assurance maladie, chômage), à la réduction du nombre de postes de fonctionnaires et à la dégradation des services publics en appelant à la fermeture d'hôpitaux, de classes, de bureaux de postes, de lignes SNCF et à la participation des collectivités locales à l'effort national de réduction des déficits.
   Et, dans ce climat socialement très sombre,  M. Grouard veut toujours construire une grande salle de sports et de spectacles à plus de 100 millions d'euros alors que le Zénith existe à deux pas de l'endroit choisi (voir le dossier sur ce site).
   C'est tellement absurde qu'on se demande encore pourquoi une opposition farouche des citoyens orléanais et en premier lieu, des militants dits progressistes, ne s'est pas organisée. Comment est-ce possible de se taire sur un tel projet démentiel  quand on participe par ailleurs à toutes les luttes sociales, écologiques, etc. Le sport est-il à ce point  intouchable, "hors sol" pour que les voix habituellement si fortes soient  si discrétes ?
   Si par malheur pour Orléans, le projet se fait, beaucoup de monde pourra se sentir complice de la folie d'un maire qui veut "laisser son empreinte" à n'importe quel prix.
   Comme on disait dans un autre temps : "Camarades, réveillez vous !" M.C.
 

samedi 1 septembre 2012



Conditionnement

   Nous avions dit ce qu'il fallait penser de l'attitude de la majorité des journalistes pendant les Jeux Olympiques dans un entretien récent (voir ci-dessous la référence à l'article paru dans les Inrocks).
   Nous ne sommes pas non plus déçus du retour des athlètes médaillés dans leur ville. Les maires ont compris l'intérêt de saluer « leurs champions » en les faisant défiler sur des "autobus londoniens" à Paris, Nice et... même à Orléans !
   Le chauvinisme de clocher est parfaitement alimenté par les radios du service public. France Bleu Orléans a salué le vendredi 31 août le parcours majestueux (300 mètres !) des deux médaillés orléanais. Et comme par hasard, les journalistes de la station n'ont trouvé que des gens heureux et admiratifs : "On est fiers d'être orléanais", "C'est bien pour Orléans", etc. Le conditionnement de l'opinion dite publique fonctionne à plein régime. Car sérieusement, à Orléans, qui connaissait Automne Pavia avant les Jeux de Londres ? Qui savait qu'elle faisait du judo ? Elle-même ne connaissait pas Orléans, ville qu'elle a découverte ce 31 août en bus  (elle n'a signé que fin juin dans le club !). A ces Orléanais rencontrés « par hasard » par leur radio favorite, on serait tenté de poser la question non autorisée par la presse : « En quoi c’est bien pour Orléans qu’une illustre inconnue ait gagné une médaille de bronze dans un sport confidentiel ? ». Les réponses peuvent être envoyées à l’adresse électronique du CACS
   Le conditionnement c’est ça : faire fonctionner les gens comme on veut qu’ils fonctionnent (et qu’ils raisonnent). Ce conditionnement ne vaut pas que pour le sport. En ce moment, on les conditionne sur le changement trop lent (le nouveau gouvernement est en place depuis juin et en deux mois, dont un de vacances, il n’a pas résorbé le chômage et augmenté le pouvoir d’achat de tous les Français. Quelle honte, que fait-il ?). On les conditionne aussi sur le prix du litre  d’essence qui fait hurler quand il augmente de 3 centimes et déçoit énormément quand il baisse de 4 ou 5 (comme si un gouvernement pouvait décider de fixer le prix du litre à 1 euro).
   On les conditionne encore sur l’allocation de rentrée scolaire (une augmentation de 25% est jugée insuffisante !), on les conditionne sur les « charges insupportables » (il ne faut surtout pas utiliser le terme juste de cotisations pour montrer à quel point c’est un fardeau dont il faut se délester), on les conditionne – l’ignoble Figaro en tête – pour dire tout le mal des « fonctionnaires privilégiés » (quels privilèges pour le fonctionnaire de base ?), etc.
   Décidément une lecture attentive des textes de Pierre Bourdieu, d’Alain Accardo et de Patrick Champagne sur les médias et sur la construction de l’opinion publique est plus que jamais nécessaire.

dimanche 26 août 2012

Dans la presse
. L'Express - 26 août
http://www.lexpress.fr/actualite/sport/armstrong-une-folle-logique-competitive_1152874.html

. Les Inrocks - 24 août
Dopage: “Lance Armstrong a été énormément soutenu”
http://www.lesinrocks.com/2012/08/24/actualite/lance-armstrong-a-ete-enormement-soutenu-11289714/

. Le Soir (journal belge) – 3 août
Les critiques des Jeux olympiques sont très peu audibles - lesoir.be
selv61.lesoir.be/...03/les-critiques-des-jeux-olympiques-sont-tres-peu... Rédaction en ligne. vendredi 03 août 2012, 18:02 ...

. Les Inrocks - 2 août
JO de Londres: “On les appelle ‘journalistes’, mais ce sont des supporters”
http://www.lesinrocks.com/2012/08/02/actualite/on-les-appelle-journalistes-mais-ce-sont-des-supporters-11283249/

Pour en savoir plus :

Le Centre d'Analyse Critique du Sport (CACS) étudie les fonctions politiques, économiques, idéologiques, mythologiques et culturelles du sport entendu comme "fait social total". Sous la responsabilité de Michel Caillat, auteur de nombreux ouvrages et articles sur le sujet, le CACS travaille sur 40 thèmes - de Sport et Aliénation à Sport et Violence - d'où l'appellation CACS 40
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vendredi 24 août 2012

Lance Armstrong et ses complices
Les amis du sport souhaitent être lucides mais ne jamais en souffrir
 
   Cette fois, c'est la bonne. L'homme qui gravissait les cols à la vitesse du son (avec ses équipiers, illustres inconnus qui le tiraient pendant des kilomètres) semble avoir enfin perdu la partie. Devant un tribunal civil, il aurait été condamné depuis longtemps.
   On entend déjà les défenseurs du coureur américain : "Il n'y a pas de preuve". C'est la phrase fétiche de tous les amoureux aveugles du sport. Comment prouver ? Pas simplement en trouvant de l'EPO ou un autre produit dans le sang ou dans les urines ; les modes de preuve sont multiples :  par exemple, les écrits documentés de personnalités comme le Docteur Jean-Pierre de Mondenard et le journaliste Pierre Ballester, les témoignages nombreux qui accablent le sextuple vainqueur du Tour, et bien sûr les présomptions c'est-à-dire toutes les conséquences qu'un magistrat tire d'un fait connu à un fait dont on veut démontrer l'existence et qui le rendent vraisemblable.
   Dans le cas d'Armstrong, les présomptions sont si fortes (ses performances, ses "amitiés", etc.) qu'un juge n'aurait pas eu de mal de tirer de ces faits connus un fait inconnu : le dopage indiscutable de l'homme chéri des médias pendant de longues années. Y compris lors de son retour en 2009, le directeur du Tour, Christian Prud'hommes, saluant alors le champion texan comme le fit la presse dans sa grande majorité. Le consultant de France Télévisions, Laurent Jalabert, qui connaît bien le sujet, soutient aujourd'hui encore le coureur américain : "Armstrong, c'est quelqu'un qui a toujours été controversé, c'est quelqu'un qui a toujours fait du bien au vélo. Je suis persuadé que c'est un immense champion. Il a rendu ce sport populaire au-delà de l'Europe. Il a eu beaucoup de succès, beaucoup de talent et aussi une façon de pratiquer son sport qui n'a pas plu à tout le monde". Visiblement, cette façon de pratiquer ne déplait pas à l'ex champion français...
   Armstrong a toujours trouvé beaucoup de complices dans les milieux sportif, médiatique et même politique, pour que soient associés à son nom les mots de responsabilité et d'exemplarité (l'ancien malade qui donne aux Autres). Depuis plusieurs années, le CACS a dénoncé cette complicité avec Armstrong et à  dénoncé l'hypocrisie de la lutte antidopage. Sans être écouté. 
    Tous les amis du sport souhaitent être lucides mais ne jamais en souffrir. Alors, ils ferment les yeux sur un monde jugé anodin et innocent  où grouillent l'argent, les violences physiques et morales,  les tricheries, le culte des plus forts, les nationalismes et...  le dopage.

jeudi 23 août 2012

La mort de Saamiya Yusuf Omar
comme symbole de l'indifférence sportive

   Saamiya Yusuf Omar est morte dans une embarcation de fortune au mois d'avril dernier en mer Méditerranée. Âgée de 21 ans, l'athlète somalienne avait eu son moment de célébrité en 2008 aux Jeux de Pékin. Tout le monde saluait alors  son courage face aux fondamentalistes islamiques qui condamnaient le comportement "excentrique" de cette femme athlète.  Au terme du 200 m qu'elle avait terminé loin derrière les autres sous les applaudissements d’un public acquis à sa cause, les amoureux du sport (dirigeants, pratiquants, hommes politiques) se donnaient bonne conscience en avançant que le sport l'avait aidée à s’affranchir. 
   La course terminée plus personne n'entendit  parler de Saamiya Yusuf Omar. Et plus personne n'en parla pendant les quatre ans de l'Olympiade jusqu'à ce 22 août, date où l'on apprit sa disparition par la voix d'un ancien athlète du pays : "Elle est morte pour rejoindre  l'Occident. Elle était montée à bord d'une "charrette de la mer" qui, de Libye, devait la conduire en Italie. Mais elle n'y est jamais arrivée."
   Aujourd'hui encore, certaines voix osent affirmer que le sport lui a permis de "prendre une revanche sur la vie" !  Quelle vie ? Même dans la mort, le mythe du sport remède subsiste. Le sport fait croire qu’il libère alors qu’il maintient la domination.
   Depuis l’origine des Jeux olympiques dits modernes, le fossé est grand entre les discours proclamés et la réalité. Pour maintenir leur pouvoir, le CIO et ses relais (y compris médiatiques) sont prêts à tout, y compris à faire croire que la présence de femmes voilées aux derniers Jeux de Londres symbolise l’émancipation des femmes...

mardi 21 août 2012

                   

Le Centre d'Analyse Critique du Sport (CACS) étudie les fonctions politiques, économiques, idéologiques, mythologiques et culturelles du sport entendu comme "fait social total". Sous la responsabilité de Michel Caillat, auteur de nombreux ouvrages et articles sur le sujet, le CACS travaille sur 40 thèmes - de Sport et Aliénation à Sport et Violence - d'où l'appellation CACS 40
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Pour comprendre ce qu'est le sport
Organisez une conférence
sur le phénomène social majeur de notre temps

(voir la page conférences)
  Un quatre pages de présentation des conférences vous sera envoyé par mail sur simple demande à l'adresse électronique du CACS ( Centre d’Analyse Critique du Sport) - E-Mail : lecacs@live.fr

 

mercredi 15 août 2012

                              Karabatic n'est pas Nasri

   Après avoir vu le saccage du studio de l'Equipe TV par certains handballeurs français au soir de leur victoire olympique, nous publions de nouveau l'article que nous avons mis en ligne le 30 juin. En ajoutant cette question : combien de colonnes et d'heures d'antenne ferait la presse si les saccageurs avaient pour noms Nasri, Ben Harfa, Menez  et Benzema ? Il est temps que Didier Deschamps aille mettre de l'ordre dans l'équipe dite des "experts". Ou des "barges"...

          Quand l’accessoire cherche à masquer l’essentiel
Faire des footballeurs français des boucs émissaires évite de s’attaquer aux racines du mal.

D’accord, Nasri, Ménez, Ben Harfa et M’Vila ont manqué de respect, d’éducation voire d’intelligence mais arrêtons le lynchage verbal contre des joueurs encensés régulièrement et démesurément par la presse, et admirés aveuglément par des foules de supporters qui s’identifient aux champions.
Même s’il condamne les propos injurieux et le comportement des « stars » (il ne s’agit pas de les excuser ou de les juger irresponsables), le Centre d’Analyse Critique du Sport pense qu’il est temps de s’interroger sur l’essentiel et non plus sur l’accessoire.
Les moralistes de tout poil doivent répondre aux quelques questions suivantes :
. Est-il plus immoral de dire « fils de pute » que de ne dire aucun mot en faveur de la libération de Ioula Imochenko et de tous les opposants politiques en Ukraine?
. Pourquoi les médias, tous les laudateurs du sport (hommes politiques, intellectuels, journalistes, etc.) mais aussi les non-sportifs ne s’interrogent-ils avec autant de zèle sur le poids de l’argent, les salaires mirobolants, l’endettement des clubs, les paris truqués, la violence, le dopage, le racisme, le chauvinisme, le nationalisme du sport en général et du football en particulier ?
. Peut-on encore faire croire que le sport est « hors sol », hors société alors qu’il est, à l’évidence, un phénomène majeur des temps modernes, un fait social total aux multiples implications politiques, économiques, idéologiques et culturelles ?
. L’attitude des footballeurs (et de beaucoup d’autres sportifs) ne doit-elle pas nous obliger à réfléchir sur le mythe de l’idéal sportif, le mythe du sport éducatif, le mythe de l’âge d’or ? En sport, on parle trop souvent de ce qui n’existe pas (la beauté, la pureté, la loyauté, l’élégance, l’amitié, le respect, etc.) pour éviter de parler de ce qui existe.
Où est l’esprit sportif dans cette compétition des égos (et non des égaux) ? Ne faut-il pas se rendre à l’évidence : le sport n’est ni « une éducation en soi », ni un « outil de citoyenneté ». Et puis, était-ce vraiment mieux avant ? A quelle date remonter pour trouver ce sport chevaleresque et désintéressé dont certains nous parlent aujourd’hui ? Que disait Cantona devenu icône à propos des « journaleux de L’Equipe » : « Je leur pisse à la raie ». Que disait le regretté Thierry Roland dans trop de ses commentaires : « M. Foot vous êtes un salaud ». Exemplaires les anciens ? Qui s’est insurgé, qui a sanctionné ?
Les footballeurs n’ont pas le monopole de la vulgarité et de l’injure (1). Les dirigeants ne sont jamais en reste y compris le « sympathique loulou Nicollin » (les rondeurs et la gouaille rendent sympathique !) affirmant après France-Espagne : « On n’a pas assez de couilles et onne les bouge pas comme il faut ». Quelle hauteur de vue !
Les quatre ou cinq joueurs visés sont les boucs émissaires d’un monde (le sport) qui prêche des valeurs qu’il ne porte pas (aujourd’hui comme hier). Que disait Coubertin si souvent cité et si peu lu ? Qu’il ne faut pas confondre la culture physique et la culture morale, que l'homme sportif n’est pas acquis à la vertu. Dans un article de 1910, il écrivait : «Tout cela repose sur une confusion entre le caractère et la vertu. Les qualités du caractère ne relèvent pas de la morale ; elles ne sont pas du domaine de la conscience. Ces qualités, ce sont le courage, l'énergie, la volonté, la persévérance, l'endurance. De grands criminels et même de franches canailles les ont possédées. Elles seront aussi bien employées à faire le mal qu'à faire le bien”.Il ajoutait en 1914 : «Méfiez-vous de la presse. Qui pourrait lui reprocher d'avoir cent voix puisque tel est son destin ? Mais quand il s'agit de l'athlète, les cent voix éveillent en lui de redoutables orgueils qui corrompent son idéal et abaissent son caractère».
En s’attaquant à quelques “petits merdeux” et “brebis galeuses”, beaucoup de monde cherche à se disculper et à innocenter l’institution. Les donneurs de leçons doivent, eux aussi, rendre des comptes.
                                                                                    Michel Caillat
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(1) Les basketteurs d’Orléans battus par Chalon-sur-Saône (81-83), en demi-finale de Pro A n'ont pas digéré certaines décisions arbitrales et l'ont fait savoir sur Twitter après la rencontre. "Cinq majeur de Chalon ce soir: Viator en 1, Mateus en 2, Difallah en 3, Schilb (la baltringue) en 4, et Aminu en 5. MVP du match M. Viator !", a ainsi pesté le meneur orléanais Yohann Sangaré (M. Viator était l’arbitre). "J'ai l'impression de m'être fait violer" a lâché l'intérieur Georgi Joseph. Si Nasri ou Ménez avaient dit ça…

dimanche 12 août 2012

La plus grande victoire de la France à Londres 2012
est la défaite de Paris en 2005

Les Jeux Olympiques de Londres sont terminés.
Le bilan dit purement sportif est fait : nombre de médaillés, nombre de titres, nombre de finalistes.
Un autre bilan peut être établi ou du moins mis en débat au terme de deux semaines de sport-spectacle et d’invasion par le phénomène olympique des antennes de radio et de télévision, et des pages des journaux et des sites en ligne.
Voici le bilan en trois points que fait le CACS :
1. La victoire du chauvinisme et du nationalisme
2. La “défaite” de l’esprit olympique (les guillemets soulignent le caractère mythologique de l’idéal olympique)
3. Le culte de l’émotion alimenté largement par la presse radio-télévisée
Quant au peuple anglais, il peut s’attendre à payer longuement les lendemains de la “grande fête universelle de l’amitié et de la fraternité”.
La plus grande victoire de la France aux Jeux Olympiques de 2012 est sans doute de ne pas les avoir organisés. La défaite de Paris en 2005 doit être aujourd’hui saluée par la majorité des Français.
                                                                   Le CACS
 

dimanche 5 août 2012

La défaite de la raison
Les Jeux Olympiques de Londres  prouvent une fois encore que le sport, fait social de masse, échappe à la réflexion 
    Il faut écouter les journalistes des radios et des télévisions privées et publiques - France Télévision en tête – pour mieux comprendre l’une des fonctions premières du sport : sa fonction idéologique.
    Le matraquage incessant de nouvelles insignifiantes et le chauvinisme sans frein dans les commentaires – où l’essentiel est de voir un Français gagner – devraient faire réfléchir.
   Nous en sommes loin. La surabondance d’informations étouffe la réflexion, la massification des émotions tue le sens, le nationalisme débridé lamine la raison.
   Les rares articles ou émissions traitant des fonctions politiques, économiques et idéologiques de l’Olympisme sont des gouttes d’eau dans ce flot continu d’images et de discours qui dépossèdent de toute puissance critique un bon nombre d’individus. A quoi bon parler d’Histoire des Jeux, de connivence du CIO avec les pires régimes, d’intégration totale de l’Olympisme à l’économie-monde, de nationalisme, de racisme, de géopolitique, de démocratie, etc ? Comment tous ces riches travaux ne se perdraient-ils pas au vu du peu qui en est retenu ?
   A l’ère du zapping permanent, le triomphe des passions sonne la défaite de la raison. Les journalistes, ces “idéologues du direct” sont comme l’avocat de Camus dans “La Chute”. Oubliant qu’ils ne croient plus à ce qu’ils disent ils plaident bien la cause du sport et de l’Olympisme. Leurs voix ou leurs plumes les entraînent et ils les suivent.
                                                                             Michel Caillat

 
                                   Quelques brèves....

Vive la débacle ! - Nous écrivions récemment que JF Lamour préférait l'escrime à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, il préfère la déroute des escrimeurs français à la victoire. Il se désole en public des résultats mais l'ancien Ministre, le consultant - objectif nécessairement vu son statut- vise désormais la présidence de la fédération française d'escrime. Après les résultats catastrophiques des Jeux de Londres, ses chances sont réelles. En 2013, c'est sa femme Isabelle qui devrait être candidate. Chez les Lamour, rien n'est laissé au hasard pour occuper les places.

. L'amour.... de l'escrime. - Le Parlement français a terminé ses travaux ce 31 juillet. Depuis quelques jours, un député a déserté l'Assemblée nationale pour jouer le consultant de luxe sur France Télévision. Jean-François Lamour a préféré parler escrime à Londres que "petites affaires" à Paris. Il faut espérer tout de même que l'ancien ministre n'est pas payé en CDD pour commenter son sport favori. A l'heure des restrictions budgétaires, les chaînes publiques n'ont d'ailleurs pas lésiné sur les moyens humains. Nul doute que tous ces consultants et que "la star des chroniqueurs" Yannick Noah sur France Inter font tout ça par amitié pour des journalistes qui, serait-on tenté de croire, n'y connaissent rien.

. Sexisme.- Sur le site Orange.fr, on a tout compris à l'égalité des sexes. On trouve en effet les photos de dix femmes sous le titre suivant : Diapo - Les dix athlètes les plus sexy des JO. Avec le texte qui suit : "Parmi les 10 000 athlètes qui participent aux Jeux Olympiques, il y a forcément du beau linge et des sportives..." Décidément, le monde du sport (et du journalisme dit sportif) a du mal à se défaire des pires clichés.

dimanche 22 juillet 2012

Brève réflexion sur la commémoration de la rafle du Vél d'Hiv’ et sa couverture par la télévision publique

La puissance idéologique* du sport
Ou quand les événement sportifs passent bien avant les moments majeurs de notre Histoire. En toute neutralité...

   Le Président de la République François Hollande a présidé le dimanche 22 juillet la commémoration du Vel d'Hiv', à Paris, 70 ans après la grande rafle qui a marqué un tournant dans la persécution des juifs sous le régime de Vichy. Les 16 et 17 juillet 1942, environ 13.000 juifs ont été arrêtés en région parisienne par les forces de police françaises sur instruction du gouvernement de Vichy.
    Les chaines publiques de télévision n’ont pas jugé utile, bon ou décent de bouleverser leurs programmes pour diffuser une telle cérémonie et permettre au plus grand nombre d’écouter le discours du Président de la République. Les dessins animés Scooby Doo et Batman sur France 3 et le feuilleton Plus belle la vie sur France 4 ont été diffusés… normalement.
   Il y a quelques semaines, un autre événement avait été traité différemment par France 3. Deux rencontres du premier ou du second tour du tournoi de tennis de Roland Garros avaient alors conduit la chaîne à modifier en toute hâte, à deux reprises, ses programmes de soirée.
   Chacun appréciera les choix faits. Des choix ni anodins, ni innocents. Et ce n’est pas fini.
   Du 15 juin au 15 août, l’Open de France de tennis, le championnat d’Europe de football, le Tour de France et les Jeux Olympiques auront occupé des dizaines et des dizaines d’heures d’antenne sur les chaînes publiques.
   Le Président de la République a dit haut et fort ce 22 juillet qu’il fallait transmettre la mémoire” et “combattre l’oubli”.
   Les jeunes connaissent mieux les « bobos » de Tony Parker et les dernières aventures amoureuses de nos champions et championnes que les moments tragiques de l’Histoire de France (1). Est-ce surprenant ? La télévision publique n’a rien fait ce 22 juillet pour modifier le terrible cours des choses.
   Entre les beaux discours et la réalité, il y a souvent un fossé (les sportifs sont les mieux placés pour le savoir).
   Le matraquage sportif va se poursuivre. Pendant les quinze jours londoniens, les petites histoires supplanteront encore la grande Histoire (y compris l’histoire sombre de l’Olympisme illustrée par les Jeux de Berlin de 1936).
    Le sport sature notre espace et notre temps. Or, malgré ses centaines de millions de licenciés sur la planète, ses milliards de téléspectateurs, son intégration totale à «l'économie-monde», son implacable marchandisation, sa puissance idéologique, il reste un sujet méconnu et tabou. Mais un sujet omniprésent dans la vie quotidienne et sur nos écrans de télévision.
    Malheureusement, un élément essentiel est oublié : limiter l’analyse du système sportif à ce qu’il montre c’est ignorer tout ce qu’il occulte et qui est loin d’être secondaire.
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* On pourrait parler du “Pouvoir spirituel du sport” ou de “L’emprise du sport
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(1). Même s’il faut se méfier des sondages, y compris du sondage relatif à la connaissance de la rafle du Vel d’Hiv chez les plus jeunes.