vendredi 24 février 2012

Le discours sportif n’est jamais neutre...
   Voici la déclaration que Bernard Lacombe, le conseiller du très libéral président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, a faite le jeudi 23 février (l’OL est 6e de Ligue 1 à six points du podium) :
Comment expliquez-vous ces difficultés de l’OL en championnat ?
On a l’impression que les types font un sport individuel. Moi, quand j’étais nul, je me replaçais, je travaillais pour le collectif. A Bordeaux et contre Caen, je le dis, j’ai eu honte. Les gars marchaient tous. Pour trouver un joueur démarqué, il fallait que le porteur du ballon travaille à la Nasa !
Que pensez-vous de la manière dont l’entraîneur Rémi Garde gère cette période difficile ?
Les mecs ont de la chance : ils ont des bons contrats. Ils jouent dans un club où ça se passe bien. Ils peuvent aller voir ailleurs comment ça se passe. Les exigences, chez nous, sont importantes, mais
, par moments, j’ai l’impression de voir une équipe de fonctionnaires ! On dirait que chacun calcule ses efforts en pensant : « Faut pas trop que je coure, je vais passer pour un con. »
Commentaire naïf du journaliste : Lacombe opère un recadrage musclé.
   Non, Lacombe alimente joyeusement l’idée reçue des fonctionnaires qui ne foutent rien, qui sont inutiles et qu’il faut donc supprimer.
   Lacombe, comme la très grande majorité des sportifs, votera à droite lors de la prochaine élection présidentielle, en faisant passer son discours pour apolitique et sans importance. Ce discours là est récurrent dans le milieu. C’est toute la force du sport. Faire croire qu’on peut-être sportif innocemment.
  Lacombe n’est pas comme les joueurs qu’il montre du doigt ; il ne passe pas pour un con. Il est con*.
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* Pour en savoir plus : « Lire Denis Faïck, « Qu’est-ce qu’un con ? », Editions Pleins Feux, 2008.