vendredi 18 juillet 2014

Les "intellectuels faussaires" ou l'impossible débat


   Il faut les écouter pour le croire. Jacques Attali sur France Inter dresse le bilan du Mondial avec l'assurance de l'homme qui a toujours quelque chose à dire sur tous les sujets. Le savant doxosophe alimente sans retenue le discours de sens commun sur le sport et ruine tout débat sérieux. La presse lui donne la parole puisqu'il aime le foot ! (http://www.franceinter.fr/emission-linvite-de-7h50-jacques-attali-le-pays-a-compris-que-les-corporatismes-ne-sont-pas-bons-a-l)
   Pascal Boniface n'est pas savant mais il alimente la doxa sportive régulièrement. Ses interventions dans C dans l'air du 15 juillet sont d'une accablante médiocrité. L'économiste Wladimir Andreff (qui a sauvé l'honneur de l'émission) le regardait stupéfait tant les arguments d'autorité pleuvaient comme les buts de l'Allemagne devant le Brésil ("Un match dont tout le monde se rappellera dans un siècle" a dit avec sérieux le directeur de l'IRIS !). Boniface qui a de l'entregent et beaucoup de nègres pour écrire plusieurs livres par an (fait-il un concours avec Attali ?) affirme péremptoirement : "Les stades n'ont pas coûté très cher au Brésil et rien ne dit que s'ils n'avaient pas été construits, on aurait construit des hôpitaux".  Bien sûr, on aurait pu construire des écoles ou des crèches ou des maisons de retraite mais ce n'est pas ce que voulait dire Boniface pour qui mieux vaut construire des stades (avec tout ce que ça signifie) que rien !
   Attali, Boniface et quelques autres (Cohn-Bendit par exemple) sont jugés aptes à parler de sport au plus grand nombre. Les sociologues du sport (critiques ou non), les philosophes du sport, etc. n'ont pas le niveau. Trop "intellos" sans doute puisqu'ils veulent faire comprendre un phénomène social majeur. Ils travaillent le sujet depuis 5, 10,  20, voire 30 ans... La presse dans sa très grande majorité (on le voit en ce moment avec le Tour de France), va  au plus simple. Elle trouvera toujours quelques "intellectuels faussaires" pour prêcher la bonne parole...
Pour toute réaction
Centre d'Analyse Critique du Sport :

dimanche 13 juillet 2014

Cela dit sans chauvinisme...
   L'équipe du Brésil est éliminée en demi-finale et battue pour la troisième place.
   Les commentateurs français (dans leur grande majorité) nous disent : "Le Brésil a totalement raté sa Coupe du monde, il a été humilié. Pour le pays c'est une honte".
   L'équipe de France est éliminée en quart de finale après avoir eu la poule éliminatoire jugée la plus faible.
   Les commentateurs français (dans leur grande majorité) nous disent : "La France a fait  un beau parcours. Elle a réussi sa Coupe du monde. C'est très encourageant pour l'avenir".
   Tout cela est dit et écrit sans chauvinisme, sans nationalisme. Avec beaucoup de recul et de réflexion ! A l’encontre des grincheux et des rabat-joie, la réplique fuse : « C’est pas pareil le Brésil et la France. Vous confondez tout. » Analyse fine et imparable !
   Nous l'avons toujours affirmé : les sportifs sont des poètes. Ils se créent un monde imaginaire beaux, vertueux, pur, loyal, fraternel, etc. Le problème -  à l'image des pratiquants mais aussi des "observateurs avertis" (journalistes à la Pierre-Louis Basse, philosophes à la Jean-Claude Michéa, écrivains à la François Bégaudeau, hommes politiques à la François Hollande, à la Nicolas Sarkozy ou à la Daniel Cohn Bendit) - c'est qu'ils croient vivre dedans.
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PS. Parmi les journalistes qui croient vivre réellement dans ce monde fictif du sport idéal, Gérard Holtz tient toute sa place depuis longtemps.  Il vient d'être nommé Chevalier dans la promotion du 14 juillet 2014 de la Légion d'Honneur. L'absurdité de ces "médailles" est sans limite. A l’encontre des grincheux et des rabat-joie, certains feront remarquer que Jean-Pierre Elkabbach a bien été promu Commandeur. Et cette fois, ils n'auront pas tort : le sport n'a pas le monopole du ridicule et de la connivence.
Adresser tout commentaire à :
Centre d'Analyse Critique du Sport : lecacs@live.fr








mercredi 9 juillet 2014

Mieux que l’Allemagne devant le Brésil(7-1)

Equipe de France - Equipe des retraités : 100-1
Ou quand on parle davantage du gel capillaire des footballeurs que du gel des petites retraites

   Les footballeurs français n’ont pas gagné la Coupe du monde mais ils ont touché une prime de 100 000 euros environ (102 000 à 133 000 selon les sources)  pour leur qualification en quart de finale. Le gouvernement leur avait fait un superbe cadeau (à eux et autres champions) en refusant d’établir il y a quelques mois un taux marginal d’imposition de 75%, taux qui se serait appliqué pendant un temps limité sur les sommes supérieures à 1 million d’euros par an (par exemple sur 200 000 pour un revenu de 1200 000 euros)*.
   Moins chanceux, les retraités comme les fonctionnaires n’ont rien gagné. Pire, ils viennent de perdre la partie dans l’anonymat le plus complet. Au moment où « toute la France » (terrible formule passe-partout)  était derrière ses « héros », les députés ont approuvé le   projet de budget rectificatif de la Sécurité sociale qui prévoit le gel pour un an des pensions de retraite supérieures à 1.200 euros par mois. Conclusion : si vous gagnez 1250 euros en 2014, vous gagnerez 1250 euros en 2015 (vous perdrez donc du pouvoir d’achat puisque les prix augmenteront durant l’année).
   Le gouvernement dit de gauche a choisi son camp. Les footballeurs, petits soldats en mission, sont admirés, adulés, salués par l’ensemble de la classe médiatico-politique (y compris l’extrême gauche) et par une large partie de la population conditionnée. Ils  gagnent 100 fois plus que les retraités (et que la majorité des salariés)  mais comme « ils font rêver », la scandaleuse inégalité n’est pas dénoncée. Vivre par procuration suffit au bonheur des masses. Jusqu’à quand ? 
   Alors qui méprise le peuple ? Ceux qui à l’image des Bégaudeau et autres passionnés défendent le sport parce que c’est populaire, ou ceux qui veulent donner des armes au peuple pour qu’il comprenne les fonctions politiques, économiques et idéologiques du sport entendu comme phénomène social majeur de notre temps ?
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* Pour toute explication supplémentaire avec exemples, s’adresser au CACS (lecacs@live.fr)


jeudi 3 juillet 2014

La guerre, la revanche et l'hystérie collective...
   
                                             1914-2014
Les « Bleus » célèbrent  le centenaire de la grande guerre
Qu’ils suivent les bons conseils de Henri Desgrange pour entrer dans l’Histoire …
   «  Mes p’tits gars, mes p’tits gars chéris ! Mes p’tits gars français ! Ecoutez-moi. Les Prussiens sont des salauds. J’emploie le mot parce qu’il dit exactement ce que je veux dire. Mes p’tits gars ! Mes p’tits gars chéris ! Mes p’tits gars français ! Il faut que les ayez ces salauds là (…).

   C’est un gros match que vous avez à disputer ! Faites usage de tout votre répertoire français. La tactique, n’est-ce pas, n’est pas pour vous effrayer. Une feinte et l’on rentre. Un démarrage et l’on part. Mais méfiez-vous, quand votre crosse sera sur leur poitrine, ils vous demanderont pardon. Ne vous laissez pas faire. Enfoncez sans pitié »

Henri Desgrange,  « Le grand match » in L’Auto, 3 août 1914
Directeur du quotidien L’Auto, Henri Desgrange est le créateur du Tour de France

Relisons attentivement les conseils de Henri Desgrange et, à l’aide de la presse, adaptons-les à la guerre en crampons qui aura lieu demain.
   «  Mes p’tits gars, mes p’tits Benzema chéris ! Mes p’tits gars français ! Ecoutez-moi. Les Allemands sont des salauds. On l’a vu en 82 avec Schumacher, cette « brute épaisse ».  J’emploie le mot parce qu’il dit exactement ce que je veux dire. Mes p’tits gars ! Mes p’tits Valbuena chéris ! Mes p’tits gars français ! Il faut que les ayez ces brutes-là (…).
   C’est un gros match que vous avez à disputer ! Faites usage de tout votre répertoire français. La tactique de « La Dèche », n’est-ce pas, n’est pas pour vous effrayer. Une feinte et on les met dans le vent. Un démarrage et ils restent sur place. Mais méfiez-vous, quand votre avance sera de deux buts, ils vous sembleront démobilisés. Ne vous laissez pas berner. Enfoncez sans pitié, marquez-en un troisième »
« L’appel du peuple » (mis en condition), in L’Epique, 3 juillet 2014
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Tout commentaire doit être fait auprès du CACS
Centre d'Analyse Critique du Sport :
tél : 06 82 57 55 73



 


 

mercredi 2 juillet 2014


Les interventions du CACS dans les médias
Pour l'ensemble des articles, les réactions sont à envoyer à : lecacs@live.fr. Les demandes de précisions (par exemple pour les commentaires intégrés dans cet article, sont à demander à cette même adresse.
Toute demande d'entretiens et de conférences-débats doit être faite par mail ou au 06 82 57 55 73


Mercredi 2 juillet - Radio Cité Genève - Interview de Michel Caillat sur les effets politiques et économiques du sport. Cet entretien est en ligne en fin de journée sur radiocite.ch Cite Chronique Politique... Cet entretien peut être demandé au CACS sous forme mp3 à l'adresse ci-dessus.

. Lundi 23 juin - France Inter, Emission Service Public (10h11h) - Michel Caillat, auteur de Sport, l'imposture absolue" (Edictions le Cavalier Bleu, 2014) est l'un des invités.
Contre le sport, tout contre
   Le sport a aujourd’hui un tel pouvoir qu’il est bon d’imaginer un contre pouvoir. N’en fait-on pas trop avec le foot, n’a-t-on pas le droit aussi d’en avoir rien à foot ? Et quand on passera au cyclisme, et au tour de France, sera-t-il raisonnable de demander à des drogués de pédaler si longtemps ? Si vous en avez assez du sport ou en tout cas de ce sport-là, cette émission est faite pour vous, avec vos questions et vos témoignages au 01 45 24 70 00 ou par mail, sur franceinter.fr et sur les réseaux sociaux (nous sommes @servicepublicfi).

Avec :
Stéphane Mandard, journaliste au Monde, rédacteur en chef service Sport
Michel Caillat, sociologue du sport et responsable du Centre d'Analyse Critique du Sport (CACS)
Séverine Vidal, conseillère technique au sein de la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire
Patrick Grivaz, journaliste à la rédaction de France Inter
Commentaires - Une certaine déception au terme de l'émission pour diverses raisons (qui seront données à qui les voudrait)

. Jeudi 19 juin - Radio Suisse à Lausanne - Michel Caillat parmi les invités sur le thème "Le sport favorise t-il l'intégration ?"
Commentaires - Trop d'invités mais des choses intéressantes ont été dites et auraient mérité d'être développées.


. Vendredi 7 juin
@rrêt sur images, émission le 06/06/2014 par la rédaction

"Dans le foot, on est passés des nations au pognon"
Dhorasoo, Caillat, Ruffin : un alter-foot est-il possible ?

Le foot est-il condamné à être ce spectacle enseveli sous les millions et les milliards, parfois violent, et dont les stars se retrouvent à la rubrique faits-divers ? Et si, au contraire, il existait un alter-foot, avec des clubs gérés par les supporters, résistant à l’argent, et aux principes vertueux ? En Europe, des clubs expérimentent des modèles alternatifs qui visent à revenir aux vertus originelles du sport. Peut-on y croire ? Avec nous, trois invités : Vikash Dhorasoo, ex-joueur international et membre de l’association Tatane qui promeut "un foot durable et joyeux", François Ruffin, journaliste de Fakir et reporter de Là-bas si j’y suis sur France Inter et enfin Michel Caillat, auteur d’un ouvrage qui démonte les idées reçues sur "l'idéal sportif".
Commentaires - Un long moment d'échanges ce qui est rare animé avec pertinence par Anne-Sophie Jacques et Daniel Schneidermann. Des divergences mais un vrai débat avec François Ruffin. Les multiples contradictions de Dhorasoo ont décrédibilisé son discours.