Grande salle Arena

Vous trouverez ci-dessous les premiers et principaux articles du dossier « Orléans, la folie Arena » qui permettent de mieux comprendre les enjeux économiques, politiques, idéologiques et culturels du projet de grande salle. D’autres éléments seront publiés avant la fin du mois de juillet et au fil de l’actualité 


Sommaire

1. Censure et arguments d’autorité
Quand le projet Aréna  est avancé comme facteur de développement économique et de création d’emplois. Le mythe du sport remède à la vie dure.
2. La philosophie générale du « rapport Arenas » (1)
Rentabilité, compétitivité, zone de chalandise, clientèle (et non plus spectateurs), le langage économique domine dans ce document qui encourage exclusivement la pratique de haut niveau, le sport spectacle et le « sport fric ».
3. La philosophie générale du « rapport Arenas » (2)
Un équipement sportif n’est pas seulement un terrain ou un toit. Ses implications politiques, économiques et idéologiques sont multiples. C’est un modèle de société qu’on nous propose… sans nous le dire.
4. Ils ont dit…
Pour défendre aveuglément ou combattre mollement le projet Arena, les élus, responsables d’associations et bien évidemment les sportifs, sont toujours prêts à dire tout et n’importe quoi
5. La Commission « Grandes salles »
Mettre en doute la neutralité de la commission formée exclusivement ou presque de « sportifs » serait pure calomnie. Comme par hasard, le maire d’Orléans y  a trouvé sa place
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* Vous pouvez laisser vos commentaires sur les pages de ce blog ‘http://lecacs.blogspot.com/) et demander des renseignements et poser toutes vos questions sur le « projet Arena » à l’adresse suivante : lecacs@live.fr  - Tél : 06 82 57 55 73 (laisser un message sur le répondeur)

Dossier réalisé par Michel Caillat

« Dans le sport, nous devons choisir entre deux conceptions :
    - la première se résume dans le sport spectacle et la pratique restreinte à un nombre relativement petit de privilégiés.
   - Selon la seconde conception, tout en ne négligeant pas le côté spectacle et la création du champion, c’est du côté des grandes masses qu’il faut porter le plus grand effort »
   Nous voulons que l’ouvrier, le paysan et le chômeur trouvent dans le loisir la joie de vivre et le sens de leur dignité ».
(Léo Lagrange, discours du 10 juin 1936)

« Notre souci est moins de créer des champions et de conduire sur le stade 22 acteurs devant 40.000 ou 100.000 spectateurs, que d’incliner la jeunesse de notre pays a aller régulièrement sur le stade, sur le terrain de jeux, à la piscine»
(Léo Lagrange, discussion du budget à la chambre des députés, 1937)
En guise d’introduction  
Censure et arguments d’autorité
Quand le projet Aréna  est avancé comme facteur de développement économique et de création d’emplois. Le mythe du sport remède à la vie dure.
     Le Centre d’Analyse Critique du Sport (CACS) cherche à étudier et à comprendre un  phénomène social majeur de notre époque, le sport, y compris quand on parle d’un sujet aussi concret qu’une grande salle. Or, le sport fait lobjet non pas de connaissances mais de croyances, dadoration aveugle ou de rejet irréfléchi. Pire, il est toujours vu comme un divertissement, un jeu neutre et innocent alors qu’il est un « fait social total » c’est-à-dire un phénomène aux multiples implications politiques, idéologiques, économiques, sociales, culturelles.  
   L’Arena illustre bien ces propos tant ses implications sont multiples. Un équipement sportif ne résume pas à un toit pas plus qu’un match de basket ne se résume à l’opposition de 10 joueurs. Derrière, il y a de l’économie, du politique, du social, de l’idéologique. C’est dans ce cadre conceptuel que nous avons étudié le dossier Arena et que nous qualifions le projet de ces « 3 D » : déraisonnable, démentiel et dangereux. 
   Avant d’étudier  la philosophie générale du rapport « Arenas 2015 » (voir les articles suivants), il est bon de signaler  trois points 

   - Le premier point porte sur  la censure consciente (ou parfois non consciente) de la presse régionale et des partis politiques dans leur ensemble sur le projet lui-même. La discussion sur l’utilité, la fonction, le  sens  d’une telle enceinte devait, nous semble, t-il passer avant la discussion sur le lieu. Débattre de l’emplacement c’est saborder le débat majeur.
    - Le second point porte sur  la Commission « grandes salles » qui est présentée ainsi dans le rapport : « La composition de la Commission et les auditions réalisées ont permis d’assurer l’expression de la diversité des acteurs impliqués dans la réalisation, l’usage et l’exploitation des enceintes sportives, unanimes, par-delà leurs disparités, à témoigner de leur volonté partagée de voir notre pays rattraper son retard en matière d’équipement de grandes salles » (p 8)
Q. Quelle diversité ? Comment parler de diversité dans l’unanimité ?
Q. Quelle est la représentativité démocratique de cette commission 
   La lecture de la composition de la commission (voir plus loin) vous permettra de donner la réponse à ces questions.
  - Le troisième point porte sur l’accumulation des arguments d’autorité rencontrés dans le rapport. Dès la lettre adressée le 30 octobre 2009 à Daniel Costantini lui demandant de remettre un rapport avant fin février 2010, Rama Yade énonce ce qu’elle considère sans doute comme des vérités incontournables. Ce ne sont que des arguments d’autorité que résume bien cette phrase : « La prise de conscience du rôle important que jouent désormais les enceintes sportives dans l’économie du sport et l’attractivité d’un pays est récente (…). Tous les rapports ont souligné cet  enjeu stratégique » (par exemple le rapport Besson sur la compétitivité du football français remis à Laporte le 5 novembre 2008).
   Les exemples ne manquent pas pour pouvoir parler d’arguments d’autorité. En voici quelques-uns :

. Sur l’emploi
    Page 11, le rapport cite les organisations françaises  (Mondiaux de handball, de volley, d’athlétisme, etc. en 1986, 2001, 2007, etc.) : « L’organisation de grands événements sportifs participe au rayonnement international de la France. Elle crée de la valeur et des emplois, nourrit la cohésion sociale, contribue à l’aménagement du territoire et à son attractivité, comme l’ont montré, par exemple, la Coupe du monde de football en 1998 puis la Coupe du monde de rugby en 2007 ».
Q. Qui s’en souvient ? Qui est capable d’en donner les résultats en termes économiques et en termes d’emplois ?
Q. Quel rayonnement réel ? Quelle cohésion sociale durable ?

. Sur les retombées des organisations
   Un peu plus loin dans le rapport, il est avancé comme une vérité d’évidence que « L’organisation par une fédération d’un championnat du monde ou d’Europe participe d’une stratégie de développement de la discipline et peut offrir à celle-ci un formidable surcroît de visibilité ». Le rapport précise néanmoins : « Encore faut-il qu’un diffuseur ait accepté de retransmettre la compétition et que les retombées directes et indirectes compensent le coût global de l’opération » (p 13).
Q. Quel est le bilan final pour l’athlétisme (championnats du monde en 2003), pour le rugby (Coupe du monde en 2007), et le handball (championnats du monde féminins en 2007) ?
Q. Les retombées sont-elles liées à l’organisation ou à la victoire des Français ?

. Sur l’aménagement du territoire
   Les salles sont « structurantes pour l’aménagement, l’animation et le rayonnement d’un territoire et s’inscrivent dans une stratégie qui dépasse l’organisation des seules compétitions internationales » (p 13).
   Tous les arguments semblent bons pour justifier le projet. On lit : « Une logique de mutualisation des usages (est) plus respectueuse des finances publiques, du développement durable et de l’intérêt général et davantage susceptible d’intéresser les investisseurs privés. Un fort enjeu pour l’aménagement du territoire » (p 45) . La locomotive grande salle semble devoir recréer un village et n’apporter que des bienfaits.
Q. En quoi par exemple le projet orléanais va t’il servir le développement du territoire ?
Q. Est-ce à dire que sans grande salle pas d’image de marque pour le territoire, pas de dynamisme économique, pas de lien social, pas d’animation, pas de véritables projets urbains, de centre commerciaux, etc. ?
Q. Les investisseurs privés ont-ils vocation à servir l’intérêt général ?
Q. La notion de développement durable qui revient 15 fois dans le rapport est-elle intégrée pour autre chose que pour donner une image moderne et écologique de projet et se donner bonne conscience ?
    Autre argument avancée sans discussion : « Les grandes enceintes et leur programmation participent du patrimoine d’un pays au même titre que les lieux de culture ou de mémoire : monuments historiques, musées, théâtres, paysages ou ouvrages d’architecture » (p 14)
Q. Est-ce comparable ? Le POPB (Paris-Bercy) ou l’Arena d’Orléans est-ce le Louvre ou le Musée des Beaux Arts ? Combien de visiteurs ?

  Ce type de discours alimente depuis plus d’un siècle la mythologie sportive. Présentés comme des vérités incontournables, ces arguments du sport remède à tous les maux de la société, ont été mille fois entendus y compris au début des années 2000 en Grèce avant la tenue des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004. Dans ce pays, on le voit aujourd’hui avec les terribles programmes d’austérité, le dynamisme économique promis a vite tourné au cauchemar.
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La philosophie générale du « rapport Arenas » (1)
Rentabilité, compétitivité, zone de chalandise, clientèle (et non plus spectateurs), le langage économique domine dans ce document qui encourage exclusivement la pratique de haut niveau, le sport spectacle et le « sport fric ».

   A la fin de la lecture du rapport de la Commission Grandes Salles Arenas 2015, présidée par Daniel Costantini, ancien entraîneur de l’équipe de France de handball, on peut affirmer sans hésiter que la philosophie générale du document d’une centaine de pages est la promotion du sport de haut niveau et de l’élite, la défense des intérêts privés et l’encouragement à la consommation, et principalement à la consommation de spectacles dans une société où les uns agissent et les autres regardent.
   La philosophie générale du projet est en réalité affirmée dans l’introduction : « Notre parc d’enceintes est nettement insuffisant pour répondre aux attentes légitimes du sport de haut niveau » (p 7). Dès les premières lignes, la référence au sport pour tous, au sport de masse et aux petits sports est présente pour satisfaire le monde d’en-bas mais c’est la priorité accordée au haut niveau qui est affirmée : « La France devrait pouvoir compter à la fois sur un parc de salles garantissant l’accès au sport pour tous et reflétant la vivacité du sport associatif et scolaire mais également sur un réseau d’enceintes capables de répondre aux exigences d’accueil des compétitions internationales et permettant aux clubs professionnels de mener des politiques sportives ambitieuses ».
   Un bref comptage permet de bien comprendre : l’expression haut niveau est citée 16 fois dans le rapport et l’expression sport de masse 1 seule fois dans une expression d’ailleurs discutable « Le sport d’élite s’inscrit comme un promoteur du sport de masse » (p 16).
  Un peu plus loin p 25, il est noté que la relation entre sport pour tous et sport de haut niveau n’est pas optimisée : « La relation entre le sport professionnel et le sport amateur, scolaire ou associatif, se pose de manière singulière pour les sports de salle. De nombreuses villes n’ont pas toujours voulu ou su dissocier les deux activités en des lieux distincts, occultant de la sorte le caractère professionnel de l’activité sportive de haut niveau ».
   Le rapport énonce la difficulté de cohabitation entre sport de haut niveau professionnel et sport amateur. Et juge le partage préjudiciable en évoquant une cohabitation subie (p 25).
   Le rapport préconise la salle pour les pros et les petites salles pour les autres (s’il reste de l’argent). La priorité au sport pro est illustrée par les chiffres : le mot amateur apparaît 3 fois et le mot professionnel contre 72 fois dans le rapport Arenas 2015.
   Avant d’en venir un peu plus aux détails, le rapport reprend le sempiternel discours sur le « déclin de la France », le fossé ne cessant de croître entre notre pays et  le reste de l’Europe. Page 11, il écrit dit que la France est désormais incapable d’organiser de grandes compétitions alors que l’Autriche, la Turquie,  la Russie, la Serbie et l’Espagne le font. On est à peine au niveau de l’Irlande, la Lettonie, la Hongrie, la Lituanie, la Serbie ou la Norvège.
Q. Tous ces pays n’ont-ils rien de mieux à faire compte tenu de leur situation économique ?
Q. L’Espagne avec ces 18% de chômeurs doit-elle servir l’exemple pour la simple raison qu’elle réussit en sport ? Les grands clubs espagnols obéissent-ils aux mêmes règles de la finance et l’argent qui circule est-il propre ?
Q. La situation de la Grèce ne réduit-elle pas à néant tous ces discours idéalistes sur le dynamisme induit par les grands travaux sportifs ? (reprenons les discours d’avant les JO d’Athènes)
Q. Faut-il continuer cette fuite en avant en Europe par souci de satisfaire les élans nationalistes et de faire vibrer des foules ?

    Bref, on nous le répète : il faut des grandes salles. Mais qu’est-ce qu’une Arena ?
  La réponse est donnée page 39 : « L’appellation Arena caractérise des équipements multifonctionnels, construits sur le modèle de l’arène antique, le public encerclant la piste, permettant d’organiser des manifestations aussi bien sportives qu’événementielles et de rentabiliser ces équipements par une modularité précise et rapide à même d’assurer une exploitation maximale tous les jours de l’année. Les Arenas ont pour spécificité d’être des structures plus grandes, plus accueillantes et plus confortables que les salles classiques. Ces caractéristiques permettent d’attirer une nouvelle clientèle plus diversifiée et d’offrir des prestations de grande qualité ».
Q. Que veut dire une « exploitation maximale tous les jours de l’année » ?
   Les grandes enceintes européennes supérieures à 10 000 places organisent en moyenne entre 120 et 150 événements annuels (120 pour le POPB). Page 56, dans un tableau il est mentionné que Bordeaux pense accueillir 120 événements, Lyon 110 et Dunkerque 85. Orléans n’a rien communiqué (NC).

   On voit bien dès la définition et dans la totalité du rapport, l’imposition d’un langage très économique avec les mots rentabiliser, clientèle, attractivité, compétitivité. Le mot rentabilité n’apparaît pour la première fois qu’à la page 19 mais il est cité 15 fois (et plus avec rentabiliser et rentabilisation), le mot optimise est mentionné dès la page 8 et revient 18 fois. Le mot attractivité est utilisé 14 fois et celui de compétitivité 12 fois. Les rédacteurs du rapport réussissent tout de même le tour de magie phénoménal, de ne pas citer une seule fois le mot argent dans le rapport.
   Il est à noter que le mot client ou clientèle apparaît 6 fois dans le rapport. Page 50, il est clairement noté que les utilisateurs (fédérations, clubs) de ces salles sont des clients : « Ces usagers sont aussi des clients ». Et dès la page 20, le spectateur se transforme en client, en chaland* : « Afin de déterminer le public potentiel de ces différentes disciplines, il convient d’étudier leur zone de chalandise, c’est-à-dire la population du territoire susceptible de venir les encourager ». Le mot chalandise revient 7 fois et « zone de chalandise » 3 fois.
* Un chaland est un client, un acheteur. La zone de chalandise d’un magasin ou d’une agence est la zone géographique d’où provient l’essentiel de ses clients, potentiels ou réels. Un magasin bien achalandé n’est pas un magasin où il y a beaucoup de produits mais un magasin où il y a beaucoup de clients.

   Est perpétuellement soulignée dans le rapport l’importance de la réussite commerciale qui semble passer avant la réussite sportive. Les mots commercial, commercialisation, commercialisé apparaissent d’ailleurs 24 fois. Mais réussite commerciale pour qui ?  
  Etudions le cas d’Orléans à partir de notion de clientèle et de ces mots de la page 46 : « À la croisée des approches géographique, démographique, économique et marketing, chaque territoire est à envisager comme un marché où l’offre événementielle de l’enceinte est susceptible de rencontrer une demande mais aussi une concurrence (…). Cette situation oblige à faire précéder tout projet d’enceinte d’une étude de marché approfondie. Les nouvelles grandes salles doivent être notamment situées soit dans des zones de chalandise encore non pourvues en salles de concerts, soit avoir une jauge complémentaire à celle préexistant, avec une capacité plus importante à même de drainer des artistes différents et qui lui garantira une viabilité économique ».
Q. Qu’en est-il de l’étude de marché à Orléans ?
Q. La zone de chalandise est-elle dépourvue de salle de concert ?
Q. Pourquoi l’échelon de l’intercommunalité jugé « pertinent pour de tels équipements » dans le rapport (p 46) est-il négligé à Orléans ? Quel rôle joue la Communauté d’agglomération ?

   En continuant la lecture du rapport, on lit : « Les projets de grandes salles doivent pouvoir s’appuyer sur une localisation bénéficiant d’une excellente desserte, un bassin de population suffisant, un marché local dynamique, une notoriété et une crédibilité solides auprès des organisateurs » (p 47).
Tous les critères de viabilité sont répétés page 50.
Q. Est-ce le cas à Orléans ?

  Page 47, il est encore noté : « La construction d’une grande salle, du fait des investissements qu’elle nécessite, des opportunités qu’elle peut apporter à un territoire ou à un pays et de l’obligation de réunir les conditions du succès de son exploitation, ne peut être positionnée géographiquement, ni ses caractéristiques définies, sans une réflexion préalable concertée ».
Q. Est-ce le cas à Orléans ?

   Pour défendre l’Arena et sa multifonctionnalité (la polyvalence), le rapport ne recule devant rien. Il est écrit page 41 : « La multiplication des salles, et donc de leurs accès et dessertes respectifs, aura nécessairement un impact supérieur sur l’environnement ».
  Et bien évidemment, tout ça est souhaité pour le bien des contribuables grâce au bon usage de l’argent public. Page 42, l’argument d’autorité défend ainsi la grande salle unique multifonctionnelle : « La séparation des usages entre les spectacles et le sport, si elle se prolongeait, conduirait les sports professionnels de salle français à une impasse irréversible en entravant leurs perspectives de développement. La France doit désormais, sans plus tarder, entrer à son tour de plain-pied dans l’ère des salles multifonctionnelles modernes. À l’heure où la capacité financière des collectivités territoriales est l’objet d’une grande vigilance, comment, du reste, tourner le dos à un objectif de rationalisation et de mutualisation ? » Page 44, il est précisé que le sport ne peut pas « assurer à lui seul l’équilibre économique d’une salle à vocation commerciale ».
  Page 56 est notée la ventilation des événements dans les Arenas existant ou à venir : à Londres, 10% de sport et 90% de spectacles, à Bordeaux sont programmés 20% de sport et 80% de spectacles et à Orléans 40% de sports, 50% de spectacles et 10% d’événementiels. Daniel Colling, le cofondateur du Printemps de Bourges, un moment directeur du Zénith de Paris, note : « Si l'on doit choisir entre une salle de type Arena et un Zénith, il faut savoir ce qu'on veut. Si on  demande à des professionnels du spectacle, leur avis, ils répondront : si vous voulez faire du spectacle et optimiser le spectacle, prenez un Zénith ».
Q. Dans ces conditions pourquoi faire une autre salle consacrée en grande partie au secteur musical ? Que va devenir le zénith ? Sur quel « segment du marché » (p 46) va-t-il se positionner ?
Q. Comment soutenir cet argument de la multifonctionnalité et défendre à la fois le Zénith consacré aux spectacles et l’Arena consacré aux deux ?
Q. Comment expliquer dans une ville comme Orléans qui possède déjà deux salles que construire une salle de 100 millions d’euros (au moins) c’est être vigilant sur les finances locales ?
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La philosophie générale du « rapport Arenas » (2)
Un équipement sportif n’est pas seulement un terrain ou un toit. Ses implications politiques, économiques et idéologiques sont multiples. C’est un modèle de société qu’on nous propose… sans nous le dire.

  Le rapport prévoit la construction de sept enceintes en France : une de 20 000 places, une de 15 000 et cinq de 10 000. Les projets d’Arena concernent  Lyon, Montpellier, Bordeaux, Dunkerque et Orléans qui a le coût par siège le plus élevé.
   Les projets de Grande salle sont présentés en annexe 7 : Aix, Bordeaux, Dunkerque, Lyon, Montpellier, Orléans (page 92), Sarcelles, Nanterre, Lille.
Q. Quelle ville de la taille d’Orléans en France voire dans le monde possède les trois types de salle ?

  La réponse est donnée page 44 : « Les maîtres d’ouvrage du projet Grand Arena de Bordeaux ont effectué une analyse comparée du rapport coût/exploitation d’un Zénith et d’une salle multifonctionnelle avant de choisir la seconde option ».  Et page 48, on lit : « Sur les 90 enceintes de plus de 10 000 places recensées en Europe, 54 – soit près de 60 % – sont situées dans des aires urbaines de plus de 1 million d’habitants ».
Q. Est-il sérieux ou délirant de comparer Orléans à Berlin (4 millions) ou à Londres (7,5 millions) qui comptent chacune deux grandes salles? Voire à Charleroi (220 000 habitants et 450 000 avec l’agglomération) qui servait de modèle à M Grouard en 2006

   Le rapport défend la salle unique multifonctionnelle c’est-à-dire la cohabitation sport de haut niveau/grands spectacles mais rejette la cohabitation sport de haut niveau/ sport amateur. La mutualisation ici ne vaut que pour l’élite. La salle ouverte à tous pour la pratique quotidienne n’est pas envisagée ce qui confirme que parler d’Arena pour tous est un oxymore, une contradiction dans les termes.
   Pourtant, le rapport trouve encore un argument fallacieux pour défendre le projet Arena. L’Arena serait bénéfique pour la masse puisque sa construction va permettre de libérer de la place : « Ainsi, par exemple, un club professionnel amené à quitter une salle pour une nouvelle, plus grande et plus adaptée, libère de nombreux créneaux horaires, qui se traduisent en milliers d’heures « rendues » à la collectivité et que celle-ci pourra ouvrir à l’activité sportive associative et scolaire. La construction de nouvelles enceintes, y compris sur fonds privés, permet donc à la collectivité d’accroître son offre sportive à destination de l’ensemble de la population » (p 59). On admet néanmoins que la cohabitation pose problème.
Q. Faut-il donc construire des salles pour l’élite pour permettre au plus grand nombre de pouvoir occuper les autres salles ainsi libérées ?
Q. Comment ajuster les calendriers pour remplir une grande salle en continu et assurer la rentabilité ?
Q. Comment concilier les intérêts de l’exploitant (régie municipale ou privée), ceux de l’organisateur et ceux du club (et ceux de la collectivité en cas d’externalisation) ? Les « conflits d’usage » (p 42) ne sont-ils pas inévitables ? Est-ce possible d’espérer sérieusement la flexibilité des rencontres sportives comme tenu des impératifs télévisés ?

   Le rapport fait un bref historique des salles et des gymnases proches de l’Arena et conclut ainsi : « L’apparition de loges ou de places VIP parachève cette évolution où la salle n’est plus seulement considérée comme un lieu de pratique mais également appréhendée comme un espace d’échange et une source de profit ».
   Nous sommes passés des équipements ouverts à tous aux équipements d’abord et avant tout source de profit  avec ses espaces d’hospitalité  c’est-à-dire ces « espaces pour les réceptions prévues au cours de la compétition et les sièges à prestations (loges et « business seats»)(qui) font désormais l’objet d’exigences chiffrées tant leur rôle est devenu primordial dans l’économie des grands événements sportifs »  (p 13).
Q. N’y a-t-il pas dans ces grandes salles le rétablissement des première, deuxième voire troisième classes ?
Q. Le sport n’est-il pas une fois encore le symbole - mais du côté des spectateurs cette fois - d’une société à plusieurs vitesses ?

Notre conclusion
   Ce qui domine dans le rapport, c’est :

1 - La référence permanente au profit, à la compétitivité, à la rentabilité
  Si l’on prend la page 34, on lit: « La rentabilisation d’un équipement de ce type passe par la capacité à vendre aux entreprises des espaces loges afin notamment de continuer à pouvoir assurer une politique tarifaire raisonnable pour le grand public ».

2 - Le soutien clair au sport spectacle
  Page 33, il est écrit : « L’enceinte doit devenir un outil économique de développement. La maîtrise d’une enceinte de capacité adaptée, moderne, conforme aux attentes du sport-spectacle, permet à un club de développer des recettes propres en augmentant la billetterie, les prestations VIP, les services aux spectateurs, le merchandising, les partenariats… Cette capacité engendre un cercle vertueux où les recettes permettent de développer des politiques sportives plus ambitieuses en facilitant notamment le recrutement de meilleurs joueurs. La hausse de la qualité du spectacle sportif et l’amélioration visuelle de l’environnement de la salle suscitent à leur tour les diffusions audiovisuelles, elles-mêmes sources de revenus supplémentaires ».

3- La volonté d’une gestion privée avec parallèlement une forte critique de l’intervention publique sauf sur le plan du financement. C’est un rapport libéral. L’Etat est nul sauf pour payer : « Le soutien financier de l’État répond à l’enjeu national de ces équipements structurants » (p 67).
   L’aide de l’Etat serait (devait être) de 20 millions par Arena soit 140 millions pour 7 enceintes. Pour la gestion, l’exploitation, etc. la machine administrative avec ses codes, ses délais, etc., étant bien lourde, le rôle du secteur privé sera dominant.
    Pour ajouter au financement public, le naming est encouragé : « Enfin, une enceinte moderne peut être un support pour le naming, pratique du sponsoring qui consiste à donner à une enceinte sportive le nom d’une marque ou d’un sponsor institutionnel. Les contrats de naming sont généralement des accords de longue durée traditionnellement comprise entre 10 et 30 ans. Le naming constitue à la fois un outil efficace pour développer la notoriété d’une marque et une aide au financement de projets pour les investisseurs grâce à des revenus lissés sur plusieurs années » (p 35)
  Il est à noter page 71 dans les mesures de garanties aux investisseurs privés : « Ces mesures peuvent porter sur des garanties publiques, une incitation fiscale au naming et une sécurisation de l’accès au partenariat public-privé »
  La notion de naming est longuement rappelée à la page 72. Si le projet se réalise, Orléans n’échappera pas à sa «Danone Arena » ou pire encore sa  « Monsanto Arena ». Voilà qui ferait réagir les militants dits progressistes…
Q. Peut-on à la fois regretter la relative faiblesse des budgets et tenir le discours permanent sur « l’argent fou du sport » ?
Q. Où se situe le sport amateur dans ce bel enchaînement si peu vertueux ?

Le projet Arena pose finalement trois questions :
1. La première porte sur la démocratie.
   Dans le rapport, il est question de la création d’un label Arena : « La Commission propose la création d’un label Arena afin de garantir la qualité multifonctionnelle des nouveaux équipements et de favoriser leur émergence par une aide financière inhérente à cette certification 
   La volonté de favoriser l’avènement de salles multifonctionnelles doit être affirmée et portée par l’État lui-même sous une forme incitative. L’autonomie des collectivités territoriales et la nécessité de voir les opérateurs privés investir dans la réalisation de salles appellent à encourager et accompagner la liberté d’entreprise. La création d’un label Arena, donnant droit à un soutien financier de l’État indépendamment du mode de réalisation des projets» (p 67)
   « La définition des critères du « label Arena » et la labellisation elle-même seraient placées sous le contrôle d’un « Comité Arena », composé d’experts intervenant dans les domaines de la conception, la construction et l’exploitation d’enceintes multifonctionnelles » (p 67)
Q. Dans l’annexe 1 sur les « Missions du Comité Arena », il est dit qu’il doit donner son avis sur la faisabilité du projet. Qu’en est-il à Orléans ?
Q. L’annexe 2 fait état des « critères des labels Arena ». Orléans peut-elle revendiquer le label ?

   Il est écrit page 84 : « La labellisation Arena nécessitera que le projet ait été élaboré selon une méthodologie et une gestion de projet précises, appuyées sur une étude de marché et intégrant en amont l’ensemble des usagers concernés ainsi que l’ensemble des acteurs, avec pour objectif commun l’optimisation de l’exploitation »
Q. La population orléanaise a-t’elle été écoutée ? Quels sont donc les usagers concernés ?

  Il faut préciser que l’absence de mandats impératifs ou de promesses légalement contraignantes donnent aux élus une certaine indépendance, mais inversement la liberté d’expression et de manifestation des opinions empêchent que les représentants une fois élus se substituent totalement aux représentés et deviennent les seuls acteurs du jeu politique. C’est ne rien connaître aux principes du gouvernement représentatif que d’évoquer le programme du maire en 2008
Q. Un maire ou un président pourrait-il ne pas tenir ses promesses essentielles (économique, écologique, etc.) et avancer l’argument du programme dès qu’il s’agit d’une promesse démentielle ?

2. La deuxième question porte sur l’utilité sociale d’un tel équipement
   Cette question n’est pas sérieusement posée. L’argument d’autorité totalement fallacieux est avancé. Pour justifier la construction de grandes salles, il est écrit : « La légitimité et la pertinence d’une piscine ou d’un musée ne se mesurent pas seulement à l’aune de leur capacité à être rentables économiquement mais aussi à leur valeur ajoutée sociale et leur contribution à l’épanouissement et au développement harmonieux d’un territoire et d’une population » (p 58)
Q. En termes de valeur ajoutée sociale peut-on comparer une piscine ouverte à tous et une salle réservée à une minorité ?

   Il est clairement affirmé que l’Arena d’Orléans aura un club résident ? La réponse apparaît  page 45 du rapport puis page 57 et page 92 où il est marqué ; club utilisateur : l’Entente (devenue Orléans Loiret Basket).

3. La troisième question porte sur la société que nous voulons.
   La société que symbolise l’Arena est une société de consommation capitaliste.. Page 53, il est précisé que l’enceinte doit être un lieu de vie ce qui signifie d’abord un lieu de consommation : « L’un des objectifs principaux de la nouvelle génération des enceintes sportives, et notamment des Arenas, est de rallonger le temps de présence des spectateurs sur le site afin que ces derniers consomment davantage à l’intérieur de l’enceinte, et ce grâce à un travail sur la convivialité du site et une diversification des prestations. Les enceintes doivent également être une destination en dehors des événements de la programmation avec une offre de services présente à l’année. Des restaurants, des cinémas, des salles de sport ou des services à la personne sont souvent hébergés au sein même ou aux alentours des Arenas »
Q. Le spectateur n’est-il pas pris pour une personne crédule, un gogo qu’il s’agit de faire consommer ?

   Page 46, il est écrit : « Pour ces équipements multifonctionnels de grande ou moyenne importance, qui misent sur une consommation de masse, il est primordial de tenir compte de l’importance du bassin de population et de la potentialité des différents marchés sur son territoire ». Il est à noter que le mot marché apparaît 45 fois dans le rapport.
   Il est assez amusant ou triste de lire : « « Un équipement qui peut accueillir à la fois des matches de hockey, de volley, de futsal, des, championnats de France de gymnastique ou de badminton, des compétitions de judo ou de squash, des meetings d’athlétisme « indoor » ou encore des championnats du monde d’escalade ou d’escrime constitue un formidable enjeu collectif » (p 8).
Q. En dehors du fait que l’aspect collectif apparait dans toute salle et sans doute moins dans les grandes, est-ce dans ces équipements que se trouve aujourd’hui le véritable enjeu collectif de la société ?

   Nous pouvons conclure en posant la question majeure suivante :
Q. Est-ce ce type de société, une société de spectateurs et de consommateurs (de spectacles et de biens) et non une société d’acteurs que nous souhaitons ?  

   Les maîtres du sport ont façonné et façonnent en permanence un public qui réclame ses spectacles-marchandises avec d'autant plus d'insistance qu'il peut, dans et par ces spectacles, se décharger de sa frustration et de l'agressivité qu'elle fait naître. Le sport est élément majeur de sublimation de la frustration dans nos sociétés.
  Et puis il y a ces derniers mots pour faire trembler la corde nationaliste et chauvine : « Comme l’équipe de France de football, sacrée championne du monde devant son public et dans son nouveau grand stade en 1998, une équipe de France de sport de salle pourra ainsi peut-être demain, en 2015, remporter une compétition internationale devant ses supporters et dans ses nouvelles Arenas » (p 76).
   Le nationalisme a pour fonction essentielle d'assurer le rôle de facteur de cohésion nationale Plus que les encouragements au chauvinisme, c'est la division entre acteurs et spectateurs qui est dangereuse car elle tend à devenir une structure profonde de la conscience collective. Le spectacle sportif produit des foules de supporters acclamant leur héros. Le spectacle sportif se nourrit d'irrationalité, de passion. Ses charmes font souvent perdre toute lucidité.
   La foule sportive n'est pas une  foule d'amour qui jouent un rôle social, une foule mais une foule amoureuse d'elle-même, ivre du plaisir de se rassembler pour se rassembler. Dans les stades, on assiste à une synchronisation collective des enthousiasmes frénétiques.
   Les délires sportifs collectifs favorisent toutes les dépendances et manipulations, ce qu'on appelle la contamination mystique des masses. Ses effets que sont la sublimation, la pacification, la consolation, l'apaisement, le plaisir par procuration engagent à la résignation.
   En pensant vivre leur rêve à travers les champions, beaucoup de personnes - parmi lesquelles beaucoup de parents - pensent réaliser leur propre vie d'adulte dans la promesse que représentent les champions. Il y a ainsi délégation du problème du sens de l'existence. Cette délégation tient lieu de solution. Or, vivre par procuration n'est pas aimer la vie.
Q. Est-ce que nous voulons vraiment de ce modèle de société là, le modèle que nous propose la grande salle Arena ?
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Ils ont dit…
Pour défendre aveuglément ou combattre mollement le projet Arena, les élus, responsables d’associations et bien évidemment les sportifs, sont toujours prêts à dire tout et n’importe quoi

. Serge Grouard (Maire UMP d’Orléans):
   « Ce n’est pas la région qui décide de l’Arena (…). La région s’est déjà engagée financièrement par écrit » (« La République du Centre», 10 mars 2010).

  (La région) « n’a jamais manifesté la moindre opposition sur le site propre mais bien plus, le président de la région s’est engagé dans un courrier du 13 octobre 2009 à investir 10 millions d’euros dans le projet, chiffre qui pourrait monter à 12 millions d’euros (« La République du Centre », 11 mars 2010)
   Et si la région décidait d’être fidèle à ses idées et de supprimer la subvention de 11 ou 12 millions accordée aveuglement par le Président Bonneau, qui déciderait alors de l’Arena ?

   Lors d’une réunion publique à Saint-Marceau, le maire n’imagine pas un autre site que l’Ile Arrault parmi les douze envisagés : «  Un site magnifique et peu utilisé » (« La République du Centre », 26mars 2010)
   M. Grouard voit le site de l’Ile Arrault comme une évidence, le site idéal. Il précise qu’il n’y aura pas de centre commercial mais qu’un hôtel est envisagé sur le site Famar. Et maintenant qu’il a choisi le site Famar, pense t-il faire un hôtel sur le site idéal ?

   Dans un dossier du bulletin municipal « Une Arena pour 2014 », le maire confirme son choix de l’Ile Arrault, «  site exceptionnel de par son ouverture sur la Loire » ( Orléans Mag, mai 2010).
   Pour illustrer l’article, une photo de l’Arena de Londres a été choisie. Orléans (120 000 habitants), Londres (7,8 millions d’habitants) même combat !

  Serge Grouard présente « la sélection des quatre compétiteurs qui vont plancher sur l’Arena », un compétiteur étant une équipe formée du constructeur, du financeur, d’un architecte et d’un paysagiste. Le maire rêve d’une Arena « très naturelle qu’on ne voit pas » (« La République du Centre », 7 septembre 2010)
   Bien vu. Le site ligérien d’exception n’allait pas tarder à être abandonné. On ne le verra pas !

  Le 20 janvier 2011, coup de théâtre ! Lors d’une réunion publique, Serge Grouard annonce l’abandon du site de l’Ile Arrault  pour le terrain occupé par l’entreprise FAMAR acheté par la ville pour la modique somme de 8,3 millions d’euros. « J’ai entendu les arguments des riverains » dit-il.          
   Encore un effort et il écoutera ceux qui pensent que le projet d’Arena est un projet déraisonnable pour une ville comme Orléans. Le PS et les Verts se frottent les mains. Après deux ans d’affirmations péremptoires sur le « bien fondé » du site de l’île Arrault qu’il jugeait « exceptionnel et unique », le maire vient d’opérer un revirement spectaculaire et s’apprête à défendre avec aplomb le nouveau site doté subitement de mille avantages ! Ou comment dire tout et son contraire pour atteindre son objectif : construire l’Arena… coûte que coûte (l’expression est vraiment juste).
   « D’après les échos qui me sont rapportés, l’opposition très forte n’existe plus (…). L’installation Famar est bienvenue ». Le maire ajoute que sans 20% d’engagement financier de l’Etat « le projet orléanais deviendrait difficile surtout dans les délais importants impartis (2015-2016). (« La République du Centre », 18 mars 2011).
   M. le Maire prend ses désirs pour des réalités et modifie les données au fil du temps. L’échéance étant repoussée d’un ou deux ans minimum, l’espoir d’un abandon total du projet devient possible. Pendant ce temps, Michel Martin, le grand argentier de la ville, multiplie les contorsions pour soutenir sans faille le maire. « L’opposition manipule les chiffres pour faire peur » dit-il lors du Conseil municipal du 18 mars. Chacun sait bien que lui et Serge Grouard  ne manipulent personne depuis des mois…

   « On sera à l’écoute car nous ne voulons pas pourrir la vie des Marcelliens » lance Olivier Carré premier maire adjoint (« La République du Centre », 24 mai 2011).
   Aucun risque pour les habitants, car comme le dit Serge Grouard, adepte de la méthode Coué : « Le dossier de l’Arena d’Orléans est le meilleur » (« La Tribune d’Orléans », 23 juin 2011).   Les dirigeants d’Annecy disaient la même chose à la veille de la désignation de la ville organisatrice des Jeux d’hiver 2018 par le CIO. Les opposants au projet Arena peuvent être optimistes

. François Bonneau (Président PS du Conseil régional) :
  « Tout d’abord, ce projet répond à un besoin exprimé par l’ensemble du monde sportif régional contenu dans le livre blanc édité par le CROS (…). J’avais immédiatement exprimé mon intérêt pour la réalisation d’un grand équipement sportif en région Centre  (…). J’ai confirmé que l’aide de la région pourrait atteindre 11 millions d’euros » (« La République du Centre », 12 mars 2010).
   Demander à l’institution sportive si elle est pour une Arena c’est comme demander à des prisonniers s’il faut ouvrir les portes de la prison. Quant à se demander pour qui et pour quoi faire un équipement la question n’est pas posée. Pas le temps de réfléchir, l’intérêt du Président fut immédiat !

   En juin, François Bonneau confirme l’obtention d’une subvention de la région de 11 millions d’euros : « Serge Grouard l’a rêvé, François Bonneau l’a fait » note le journaliste (« La République du Centre »,23 juin 2010).
  Corinne Leveleux-Teixeira (PS) réagit : « Ca ne me paraît pas opportun ». Jean-Philippe Grand s’exclame : « La région ne doit pas financer un tel projet les yeux fermés »

  « J’ai pris une position claire, courageuse : oui à un grand équipement sportif » (« La République du Centre», 10-11 juillet 2010). 
  On peut juger la position de François Bonneau claire. Mais où est le courage ?

. Le Parti socialiste
   « Je pense qu’il faudrait proposer ce projet à un référendum d’initiative populaire de manière claire. » (Corinne Leveleux-Teixeira, « La République du Centre», 26 mars 2010).   
  Très divisé sur le projet (la direction le soutient), le PS n’a jamais sérieusement formulé cette demande. Il n’a même jamais voulu organiser un grand débat public.

   « On est plutôt sur un équipement de spectacles. Il y a une concurrence avec le Zenith qui est un risque incontestable ». (Corinne Leveleux-Teixeira, « La République du Centre», 10 mai 2010). 
   Plus sûr sans doute que le risque d’inondation mais beaucoup moins évoqué. 

  « Il faut repenser le site mais aussi le projet, on n’a pas besoin d’une Arena » (Corinne Leveleux-Teixeira, « La République du Centre», 27 janvier 2011). 
   La responsable du PS et le PC réagissent ainsi au virage à 180 degrés du maire qui abandonne le site de l’Ile Arrault pour le site Famar situé à 300 mètres ! PS contre PS, François Bonneau se dit toujours favorable à une Arena.

  « Un projet d’une telle ampleur mérite un débat public » (Corinne Leveleux-Teixeira, (« La République du Centre», 27 janvier 2011).  
   On ne demande que ça mais qu’ont fait Corinne Leveleux Teixeira et ses amis du PS et du PC pour mettre en place une réelle consultation populaire et clarifier leurs positions (Arena, salle moins grande, petites salles ou rien ?).
   « L’Arena-Famar est un projet pharaonique au profit d’un seul sport, le sport spectacle ! Des milliers de sportifs, dans leurs associations, de tout âge, ne mériteraient-ils pas, eux aussi, d’être soutenus dans ces pratiques et initiatives sportives, certes moins médiatiques mais plus essentielles au quotidien des Orléanais » (Courrier Sud, n°1, 2ème trimestre 2011).
  Les socialistes de Saint-Marceau posent une vraie question, celle du choix politique : un grand équipement d’élite réservée à une minorité  ou de petits équipements ouverts à tous ?

   Jean Pierre Sueur ne doit guère goûter les affirmations des socialistes de Saint-Marceau lui qui a soutenu en silence le projet Arena avant de déclarer clairement : «  J’ai marqué mon accord pour faire un grand équipement sportif à Orléans. Simplement, je ne comprends toujours pas pourquoi la majorité municipale souhaite le faire sur le site Famar ». Seule la localisation le gêne. Quand on lui demande s’il est pour une Arena, le sénateur répond : « Peu importe le terme » (« La République du Centre», 25 juin 2011).  Tout est dit !
   Il y a près de 30 ans, lors d’un débat avec Jacques Douffiagues, Jean-Pierre Sueur affirmait : « Notre priorité est au sport de masse, au sport pratiqué par le plus grand nombre et au sport amateur ». Mais adepte lui aussi du double discours, le responsable socialiste poursuivait ainsi : «  Nous ne voulons pas faire de démagogie facile par rapport au sport de haut niveau (…). Sport de haut niveau ne veut pas dire forcément sport lié à l’affairisme » (« La République du Centre », 23 février 1983). 
  Surtout pas de démagogie et surtout pas d’argent dans le sport de haut niveau, tout le monde le sait…

. Les Verts
   Résolument pour une grande salle à Orléans en tant qu’ancien basketteur, le conseiller municipal Jean Philippe Grand d’opposition propose trois autres sites « plus pratiques et moins nocifs pour l’environnement » (« La République du Centre », 25 mars 2010).
   Voilà un argument de poids : être un ancien basketteur pour se déclarer favorable à un équipement réservé au basket !

  « Pourquoi veut-on une Arena ? Les deux vont-ils pouvoir survivre ? N’y en a-t-il pas une qui va cannibaliser l’autre ? » (« La République du Centre», 10 mai 2010).   
  Marie-Thérèse Noël met en doute les certitudes de J.P. Grand sur l’utilité de la salle. Son interrogation mérite d’être approfondie.

  Jean-Philippe Grand reprend l’interrogation quelques mois plus tard : « Vous risquez de vider le Zénith en créant cette concurrence » (« La République du Centre », 19-20 mars 2011).
   Le risque est réel mais quand certains ne veulent pas le voir…

. Le Parti communiste 
   « On est donc dans des considérations financières de plus en plus importantes (…). On est dans un modèle de société voulu par le gouvernement (…). On a le sentiment qu’on va vers une dérive qui va à l’encontre des valeurs du sport ».    
  Dans une délibération du Conseil Municipal du 29 mars 2010, le PC qui se dit prêt à approuver le projet, précise : «  Nous ne serons d’accord que sur un financement 100% public afin d’éviter les dérives commerciales ».
   Comme si les dérives étaient évitées. Comme si elles dataient d’aujourd’hui. Comme si les valeurs du sport étaient autre chose qu’un pur idéalisme.

   Dans un tract d’avril 2010 intitulé « Un projet conçu comme une opération de prestige », le PC affirme que l’équipement de 10 000 places sera « utile s’il profite à tous ». Comme le maire, le PC lui trouve plein de qualités : «  Le fait qu’il soit construit à Orléans peut participer au rayonnement de la ville bénéfique aux orléanais en termes économiques (emplois, …) ».
   Le PC veut une grande salle ouverte à tout le monde (sportifs locaux, scolaires, etc.) ! Vive la haute couture pour tous et les cercles carrés…
. Le NPA (Nouveau parti anticapitaliste)
   Une affiche « Ni l’ile Arrault, ni ailleurs ! Assez du gaspillage des fonds publics, assez du sport d’élite ».
   Avant et depuis, silence total sur un sujet majeur (le sport) que le NPA méprise.

. L’Association de défense de l’Ile Arrault
   « Nous devons arrêter tout bétonnage à proximité des bords de Loire » (« La République du Centre », 28 janvier 2010).
   Dans ces conditions, le site Famar doit-il être moins combattu que le site de l’hippodrome ?

   Dans une lettre adressée le 17 mars 2010, l’association réclame la discussion et la participation des habitants en rappelant quelques phrases de la Charte de participation citoyenne : « Le citoyen doit enrichir l’action municipale…. Les projets soumis à participation font au préalable l’objet d’une présentation claire, complète et pédagogique ».
  De tous les côtés, une fois encore, le discours n’a pas été suivi dans la pratique. Un débat sérieux et ouvert n’a toujours pas eu lieu.

   « Nous ne sommes pas contre le projet Arena mais pas en bord de Loire » (« La République du Centre», 26 mars 2010).

. La presse
   « Le projet lyonnais situé à Villeurbanne semble avoir du plomb dans l’aile »    (« La République du Centre », du 6 et 7 février).
  Le journaliste Grégory Legrand - neutre  évidemment - mais fidèle soutien au projet Arena d’Orléans, peut-il faire aujourd’hui le bilan du projet lyonnais ?

   Dans « La République du Centre » du 25 mars 2010, on apprend que l’inauguration serait envisagée pour fin 2013-début 2014 voire automne 2014. On apprend également que la future Arena qui coûterait entre 85 et 95 millions d’euros, aurait comme unique propriétaire la ville mais que sa gestion serait confiée à un exploitant spécialisée : « A lui d’accueillir 400 manifestations par an ! ».
   Plus d’une par jour alors que les grandes enceintes européennes on du mal à assurer 120 à 150 événements annuels. Etonnant, non ?

  « La grande ville (…) permettrait aussi à la ville de se distinguer au niveau national et même européen. L’Arena deviendrait à ce titre un monument comme la cathédrale permettant au passage au député-maire de marquer définitivement la ville de son empreinte » (« La République du Centre», 26 mars 2010).
   Gregory Legrand n’est pas l’officiel porte-parole du maire. Il est journaliste…

  A côté, « La Tribune d’Orléans » semble très critique en affirmant : «  Alors qu’il y a un an, il était question de 50 à 60 millions d’euros, la Ville précise qu’il ne s’agissait que de la coque de l’édifice et annonce – en pleine période de crise – un investissement de 85 à 95 millions d’euros » (« La Tribune d’Orléans », 1er avril 2010). 
   Qui peut croire cet argument débile de la ville qui assure que le coût annoncé ne comptait pas tous les travaux de préparation, ni le coût du travail, ni… ! Juste le bâtiment posé en une nuit sur le site idéal de l’Ile Arrault.

   « Sur le fond, Serge Grouard reste un maître de la politique du fait accompli. Il mûrit une certitude. Et lance les dossiers, mobilise les élus alliés et tant pis s’ils ne sont pas convaincus. Ensuite, il faut bien accommoder la réalité aux projets qui avancent (..). Serge Grouard est aussi passé maître dans l’art d’adapter son discours à ses différents interlocuteurs en renonçant très rarement à ses objectifs » (« La Tribune d’Orléans », 23 juin 2011).
   Le maire change en effet de posture comme de chemises. Il peut dire tout et son contraire avec une égale conviction. Ce double discours permanent ne semble pas gêner grand-monde. Les élus de la majorité suivent aveuglément le chemin sinueux emprunté par leur patron.

   En juin 2011, Le Président du Conseil Général Eric Doligé apporte son soutien à l’Arena : « On peut imaginer que notre soutien financier sera d’environ 2,5 millions par an durant trois ou quatre ans à partir de 2012-2013 » (« La République du Centre», 24 juin 2011). Avant même la délibération de l’Assemblée prévue en septembre le Président Doligé accorde entre 7,5 et 10 millions d’euros ! Son camp devra suivre la consigne.
   Quant aux dirigeants sportifs de Didier Gérard, directeur de l’Open de tennis, à Christophe Dupont, président de l’OLB,  en passant par les présidents de ligue -  y compris le socialiste Jean-Pierre Boutant président de la ligue d’athlétisme - ils sont massivement favorables au projet sans même de l’avoir étudié. La plupart d’entre eux n’auront pourtant qu’une chose à faire dans cette grande salle : payer pour regarder les autres jouer.
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La Commission « Grandes salles »
Mettre en doute la neutralité de la commission formée exclusivement ou presque de « sportifs » serait pure calomnie. A vous de juger. Comme par hasard, le maire d’Orléans y  a trouvé sa place…
Président : Daniel COSTANTINI
Jean-Paul ALORO, Président de la Ligue Nationale de Volley
Daniel ARRANZ, Directeur Régional et Départemental de la Jeunesse,
des Sports et de la Vie associative du Limousin
Béatrice BARBUSSE, Présidente de l’US Ivry Handball
Anny COURTADE, Présidente du Racing Club de Cannes
Richard DACOURY, Ancien joueur international de Basket-Ball
Xavier DANIEL, Responsable Stades à la Ligue de Football Professionnel
Serge DELOUTRE, Président de la Fédération Française de Volley-Ball
Joël DELPLANQUE, Président de la Fédération Française de Handball
Bernard DEPIERRE, Député de la Côte-d’Or
Eric de FENOYL, Avocat, Département Service Public, TAJ Société d’Avocats
Régis FOSSATI, Délégué au sport de l’Association des Régions de France (ARF)
Valérie FOURNEYRON, Députée-Maire de Rouen
Fred GODARD, Réalisateur TV
Serge GROUARD, Député-Maire d’Orléans
Bertrand JARRIGE, Directeur des Sports au Ministère de la Santé et des Sports
Jean-Pierre KARAQUILLO, Directeur du Centre de Droit et d’Économie
du Sport de Limoges (CDES)
René LE GOFF, Président de la Ligue Nationale de Basket
Yvan MAININI, Président de la Fédération Française de Basketball
Robert MOLINES, Président de Montpellier Agglomération Handball
Gilles MORETTON, Président de l’ASVEL
Julien NIZRI, Directeur général du Centre National pour le Développement du Sport (CNDS)
Stéphane POTTIER, Directeur général de l’European Stadium and
Safety Management Association (ESSMA)
Alain SMADJA, Président de la Ligue Nationale de Handball
Jacques THOUROUDE, Président de l’Association Nationale Des Élus en charge
du Sport (ANDES)
Philippe VENTADOUR, Directeur général du Palais Omnisports de Paris-Bercy
Rapporteur : Frédéric BESNIER, Directeur de l’Association Nationale des Ligues
de Sport Professionnel (ANLSP)